Le Tour du Biros

Le Tour du Biros

Dans ce compte-rendu sur la sortie niveau 2 intitulée Tour du Biros, 12 km et environ 1 000 m de dénivelé, il sera question du concept temps, de cimetières, de chaleur, de bergers, d’enfilage de perles et éventuellement de montagnes.

Pour ce deuxième tour des élections législatives, comme pour le premier d’ailleurs, le départ tenait compte de la possibilité d’effectuer notre devoir électoral. C’est donc à 8h30 pétantes que 5 courageux (2 dames et 3 messieurs) se retrouvèrent au lieu habituel de départ. Le temps, météorologiquement parlant, était tout à fait favorable et même trop. Grand bleu annoncé et… aussi la canicule. Nous espérions que l’effet altitude opérerait, perte de 1° Celsius tous les 150 m, et que sur les hauteurs nous aurions un peu d’air respirable. Alors en avant !

Ah, la météo demeure un sujet de conversation universel et inépuisable. C’est vrai que nous sommes tous dépendants de la météo et que lors des réunions du CMC nous l’évoquons fréquemment mais le vocable temps peut s’entendre autrement et moins légèrement.

Ainsi, c’est assis sur le banc situé à côté du petit parking à l’entrée du village de Balacet qu’il me revint une autre définition du temps. Ce siège est placé face au Valier avec en contrebas une charmante chapelle et son cimetière. Cela me fit réfléchir. Emprunts à Sénèque : 

« Le temps qui jusqu’ici t’était ravi, ou dérobé, ou que tu laissais perdre, recueille et ménage-le. La plus grande part de la vie se passe à mal faire, une grande à ne rien faire, le tout à faire autre chose que ce qu’on devrait. » 
Et encore pour finir : « Montre-moi un homme qui mette au temps le moindre prix, qui sache ce que vaut un jour, qui comprenne que chaque jour il meurt en détail. » 

Le sac est léger à cette époque de l’année mais ceci dit le voilà singulièrement rempli et alourdi. Ça fait pas de mal de faire travailler ses neurones, voilà un bon chewing-gum à mâcher durant la montée au col puis au pic de l’Arraing. 

Vous aurez compris que l’on parcourt cette boucle au départ de Balacet dans le sens antihoraire et heureusement, mais j’y reviendrais. Le départ est soutenu et c’est par un chemin confortable que nous atteignons le col éponyme. Par la suite, l’itinéraire se complique un peu à cause des multiples sentes tracées par les moutons. En général, elles suivent à peu près les courbes de niveau, laquelle choisir pour atteindre le sommet ? Il nous a fallu « bartasser » dans la chaleur de fin de matinée pour atteindre le 1er sommet. Non sans difficultés pour moi, car en plus de la chaleur, le manque de chemins digne de ce nom, la fringale et la soif inextinguible m’affaiblissaient. 

Christine, notre accompagnatrice du jour, non sans une certaine logique, nous annonça vers les 12h30 que ce serait bien de déjeuner sur le dernier sommet, en plein soleil et à 2 heures de marche ! nous n’aurions plus qu’à descendre, alors que l’ombre de charmantes hêtraies nous invitait au pick nique. Que j’aurais aimé m’arrêter dans ce havre de verdure et imiter Monsieur le Sous-Préfet d’Alphonse Daudet, non pas pour rédiger un discours mais pour reconstituer mes forces. Mais bon, un chef est un chef,

Même en jupon. 

Obéissons, 

Crénom de nom.

Nous avons enfin déjeuné un peu avant le dernier sommet. Trois irréductibles poursuivirent jusqu’au pic de Sérau, deux autres coupèrent en direction du col. Ils nous rejoignirent vers la cabane de Couledoux. Après une jasse, deux options se présentent : soit retourner, à flanc, vers Balacet soit faire un crochet par Irazen. Cher lecteur vous aurez deviné notre choix. Le plus long et le moins emprunté. 

Heureusement que le GPS existe et que Christine l’avait savamment programmé. Ces chemins se ferment. Nous n’avons rencontré personne sur cette boucle pourtant réputée. Il a donc fallu naviguer laborieusement dans de vieux chemins non entretenus, non balisés. De vieux arbres barraient souvent le passage. Une autre recommandation, marchez couvert en haut et en bas. Nombre de ronces, orties et aubépines vous agresseront au passage avec leurs défenses et peut-être réveilleront vos allergies.

Enfin nous arrivons dans le village d’Irazen. Seul un couple représente la vie dans ce village perdu du pays Biros. Il nous indique que l’eau fraîche de la fontaine est buvable, un vrai bonheur mieux que le meilleur des vins de Bordeaux en cette occasion. Un agréable chemin presque horizontal nous mène jusqu’au point de départ. Il est pratiquement 18 h, la boucle est bouclée. 

Vu des vautours et nombre de petits oiseaux, c’est encore le printemps pour eux et ils nous le font agréablement entendre au travers de leurs chants. Vu aussi de rares orchis (peut-être de Bouffon) en lisière de forêt.

À ce propos, savez-vous ce qu’est un orchidomètre ? C’est un instrument de mesure masculin totalement opposé aux boules de geisha même s’il y a ressemblance. Ça n’a rien à voir avec les orchidées. Vous êtes sur la voie ? 

Réponse : Il s’agit dans les deux cas d’un chapelet qui ne sert pas à compter les prières à Marie. L’instrument de mesure masculin est composé de perles ovoïdes de différentes tailles et il sert à calibrer les gonades masculines. L’autre est composé de perles de même taille et… demander à Madame, ça sera mieux. Je suis sûr que vous ressortirez cette nouvelle connaissance lors de moments conviviaux bien arrosés, en l’accommodant à votre sauce. 

Plus sérieusement, nous avons rencontré des moutons gardés par des bergers. Là, encore il me faut faire une digression. Si la montagne est aussi soignée par endroit c’est grâce à la symbiose de ces deux entités. Sans tirer sur le capital, en gardant un nombre optimal de bêtes qui paissent, le berger intelligemment dans sa vie professionnelle est un gardien du biotope. Ne pourrions-nous aussi devenir un berger de l’être, c’est-à-dire sauvegarder l’ensemble de ce qui est, un gardien de toute vie et de toute chose ? L’Homme s’est détaché de la Nature, ruine celle-ci aux services de ses propres intérêts. Nous nous éloignons de plus en plus de la Nature alors que nous devrions en prendre soin. Il faut cependant noter des progrès en montagne de la part des randonneurs, il est devenu rare de trouver des ordures. 

Une seule preuve. J’ai commencé mon propos en parlant de cimetière, je vais aussi le terminer dans les mêmes termes en constatant que le pare-brise des voitures devient de moins en moins un cimetière à insectes. L’avez-vous constaté ? Il y a peu c’était un vrai carnage au retour des balades, il fallait utiliser les essuies glaces pour y voir, maintenant très peu d’insectes viennent y mourir. Les insecticides sont passés par là mais aussi toutes les nuisances en cascades qu’ils impliquent. 

Pot de l’amitié à Castillon en Couserans. Un grand merci à Christine pour sa proposition et son accompagnement. 

Mais qui hélas fut victime d’allergies : 

chaleur de printemps 

la marque des herbes 

sur ses jambes 

Comme nous, utilisez au mieux votre temps, soyez heureux, frétillez de la queue. 

À bientôt, sur les chemins.