Saint Lary – Vendredi 26 septembre 2025
Vallon d’Estibère – R2
Cette dernière randonnée de la semaine a été placée volontairement sous le signe de la découverte et de la surprise par l’animateur qui connaît bien le secteur. Une fois n’est pas coutume, il est proposé de ne pas se fixer d’itinéraire ni de dénivelé exacts à l’avance pour visiter ce site sauvage au gré de nos envies, sachant bien sûr – afin de ne pas prendre de risque – que les prévisions météo sont parfaites (tempête de ciel bleu) et que les randonneurs et randonneuses l’ayant choisie sont tous expérimentés et aguerris.
Le groupe du séjour à Saint-Lary s’étant donc réparti en deux sous-groupes égaux en nombre, c’est un groupe de 7 randonneurs et randonneuses composé des habitués respectifs des niveaux 1 ou 2 et de ceux de la haute randonnée qui a choisi de s’évader vers le vallon d’Estibère. Ce vallon méconnu est accessible depuis le lac d’Aumar par un sentier non balisé qui franchit le col du même nom à 2 274 m d’altitude. Nous avons laissé les voitures au parking de la réserve naturelle de Néouvielle situé entre les lacs d’Aumar et d’Aubert à 2 381 m. À 9 h, il fait encore froid puisqu’il gèle à cette altitude malgré le soleil rayonnant sur le massif et ses lacs.
Une brume rase le lac d’Aumar que nous longeons par le sud-ouest, histoire de nous échauffer avant de grimper le col et ses 175 m de dénivelé assez raide. Au col, le lever de rideau sur le vallon d’Estibère et sa série de laquettes est irrésistible, on a très envie d’y descendre et de s’approcher de cette nature sauvage.


Une anecdote qui aura son importance en fin de journée doit ici être rapportée : comme s’il s’agissait d’une course au trésor ou de l’histoire du Petit Poucet, nous trouvons parsemés tout au long du chemin depuis le col jusqu’au fond du vallon divers objets : une paire de lunettes de soleil, puis une paire de gants, puis un tee-shirt, puis une bouteille d’eau pleine, puis un pare-soleil d’appareil photo… qui nous questionnent beaucoup ???
Nous décidons d’atteindre le lac Supérieur que nous contournons avant d’aller pique-niquer au soleil sur des rochers dominant le vallon d’Estibère et le lac de l’Ours. Puis, plutôt que d’y descendre, nous faisons quelques pas en retour pour contourner le lac de l’Île qui porte bien son nom : un îlot planté de quelques pins occupe son centre. Le sentier peu marqué descend ensuite vers le lac de l’Ours que nous longeons en cherchant un passage par-dessus la crête rocheuse centrale qui sépare le vallon en deux parties. Après quelque valse-hésitation, nous finissons par trouver le passage à travers les rochers. Nous pouvons ainsi rejoindre le ruisseau d’Estibère que nous devons longer en rive droite pour remonter au Col d’Aumar. Mais une surprise nous attend…
Un cycliste en VTC électrique est perdu au milieu du vallon. Il a passé la nuit dehors sans aucun équipement de bivouac ni nourriture après s’être franchement trompé d’itinéraire… comment a-t-il pu atterrir là au milieu de rien… à plus de deux heures de marche d’une route goudronnée ? L’homme de 66 ans, pieds nus, nous explique qu’il a suivi son GPS depuis la route, puis la batterie de son vélo est tombée en panne, puis celle de son téléphone. Il est incapable de nous dire par où il est passé, ne connaissant pas cette montagne. Quand nous lui demandons si ce sont ses affaires que nous avons trouvées le long du chemin, il nous confirme que oui, il les a perdues, ce qui nous permet de déduire qu’il est passé par le col d’Aumar à 2 300 m par un sentier chaotique avec des blocs de pierre à franchir avec un vélo électrique en panne de 26 kg ? Bref tout le monde hallucine… Nous lui fournissons quelques vivres de course et lui prêtons un téléphone pour qu’il puisse appeler et rassurer son épouse qui est en cure dans les Landes. Son histoire étant totalement improbable, nous nous demandons s’il n’est pas en choc traumatique après ce périple et cette nuit de gel seul en montagne. Nous lui demandons s’il souhaite que nous appelions les secours. Il est d’accord mais nous précise qu’il veut rentrer avec son vélo… Nous lui signalons que les secours ne prendront pas son vélo. Il accepte qu’on les appelle. Le 112 se demande si nous sommes sérieux quand on leur décrit la situation mais décide d’envoyer un hélicoptère du PGHM. Nous nous mettons à l’écart pour le laisser atterrir auprès du cycliste et assistons à une scène ubuesque. Les gendarmes ne peuvent et ne veulent pas emporter le vélo. Un des gendarmes se fâche avec l’homme qui ne veut pas monter dans l’hélico sans son vélo. Le gendarme lui arrache des mains et le jette au sol. L’homme refuse ensuite de monter dans l’hélico et il semble que les gendarmes lui font signer une décharge puisqu’il refuse d’être secouru. L’hélico et l’équipe de secours repartent donc laissant l’homme et son vélo dans le vallon… Que peut-on faire de plus pour lui ? Nous remontons le sentier vers le col, il nous rejoint (sans son vélo) et lui indiquons la direction du col. S’étant repéré, il redescend chercher son vélo… nous laissant dubitatifs et un peu inquiets quant à son devenir. Nous en informons son épouse par téléphone.

Mais il est temps de faire remonter le groupe pour achever la randonnée en toute sécurité.
Tout à nos pensées et nos discussions sur ce qui s’est passé, nous rejoignons le parking de la Réserve de Néouvielle sous une superbe lumière déclinante.
Nous retiendrons de cette journée la beauté éclatante et confidentielle du vallon d’Estibère et l’émotion d’une rencontre hors norme.
En fin de soirée, l’animateur du CMC appelle l’épouse du cycliste pour savoir si elle a des nouvelles. Elle répond qu’il a atteint avec son vélo, vers 19h, un gîte à Aragnouet (1 000 m plus bas par une route d’une dizaine de kilomètres) où il va passer la nuit.
Ce qui est sûr c’est que cet homme, apparemment fort têtu, est aussi une force de la nature, et qu’il n’a qu’une chose en tête : son vélo !
Le Sentier des Laquettes dans la Réserve du Néouvielle – R1
Partis à 7 en voiture depuis St Lary, nous stationnons au parking près du lac d’Aubert accessible en voiture en cette période de l’année, plutôt que de partir du lac d’Orédon pour atteindre le lac d’Aubert en passant par les Laquettes, ce qui aurait rajouté 300 m de dénivelé.
La brume est encore présente dans les parties basses du massif du Néouvielle. Nous commençons la journée en longeant le GR 10 sur les bords du lac d’Aumar jusqu’au point de déversement. La brume matinale joue avec le soleil sur les eaux du lac. Puis nous faisons demi-tour pour rejoindre le bord du lac d’Aubert jusqu’au barrage.
Le barrage d’Aubert surplombe Les Laquettes. Elles sont situées en contrebas du lac d’Aubert à 2 085m d’altitude. L’eau y est cristalline, teintée de bleu et de vert, et les paysages magnifiques (en occitan Aubert signifie d’ailleurs eau verte).
Les Laquettes sont une suite de petits lacs pyrénéens qui communiquent entre eux. Le sentier des Laquettes est accessible à tout public depuis le lac d’Aubert. De notre semaine à St Lary, c’est sur ce seul sentier que nous avons rencontré des promeneurs. À gauche, le sentier est bordé de pins à crochets et à droite du lac nous pouvons apercevoir le pic d’Aumar et le pic du Néouvielle.
La plante « Subulaire aquatique » (petite plante amphibie aux fleurs blanches) est une espèce protégée qui est présente dans une des Laquettes et de ce fait la baignade y est interdite. Cette plante en déclin au niveau mondial n’est présente en métropole que dans le massif pyrénéen. Le suivi de cette plante est mené en partenariat avec le conservatoire botanique des Pyrénées et de Midi-Pyrénées et des laboratoires EDB, Ecolab et Geode de l’Université Paul Sabatier à Toulouse.
Notre randonnée est un aller-retour sur le sentier des Laquettes où nous avons profité du paysage et du soleil pour pique-niquer de notre habituel sandwich et petite salade. Les fleurs sont rares en cette saison, mis à part les colchiques qui sont encore en fleurs.
Après le sentier des Laquettes, nous reprenons la voiture pour descendre au lac d’Orédon. Le tour complet du lac ne se fait que dans un sens à cause de certains passages étroits et escarpés autour du lac qui rendrait les croisements des randonneurs difficiles.
Nous partons donc tous les 7 pour entreprendre le tour du lac qui fait 3,9 km. Arrivés à la moitié du lac environ, le sentier devient rocailleux et il y a d’ailleurs un panneau d’avertissement qui indique que le reste du tour du lac est recommandé à des marcheurs habitués aux sentiers de montagne.
Le groupe se scinde donc en 2. Cinq d’entre nous retournent sur leurs pas et deux partent à l’assaut des rocailles.
La deuxième partie du lac est tout de même sécurisée : mains courantes ponctuelles, garde-corps avec filet de corde sur les passerelles et blocs de rochers, escalier en acier avec garde-corps, franchissement d’un ruisseau sur une passerelle. Le cheminement dans les blocs granitiques n’est pas toujours bien signalé (marques bleues sur les rochers). Le sentier monte et descend et fait profiter de vues plongeantes sur le lac.
Cette randonnée est vraiment très belle et à faire. Les paysages sont magnifiques.