La Vallée d'Asp - Samedi 15 septembre 2018
Col de Saoubathou par « Le sentier de la Liberté »
3ème jour du séjour – le groupe et ses divers sous-groupes ont décidé de rester du côté du plateau de Lhers (prononcer « liers ») et d’explorer le fond de cette vallée qui constitue la partie sud-est du Cirque de Lescun. Seulement 3 km nous séparent du parking d’Aumet (1138 m) et de son passage canadien à l’entrée dans le Parc National des Pyrénées. Puisque le premier tronçon de randonnée est commun, les voitures sont donc rapidement chargées pour acheminer tout ce petit monde.
Il fait frisquet car à 9h30 les hautes murailles naturelles recouvrent encore de leur ombre le fond du cirque. La piste grimpe d’abord rectiligne et en douceur au fond de la vallée jusqu’à la cabane de Pourcibo et sa fontaine récemment réaménagée pour le pastoralisme. Quelques lacets et raccourcis nous mènent plus loin à la seconde cabane (Caillau) et nous retrouvons le soleil. D’ici, les groupes peuvent se séparer et s’éclater pour atteindre leurs objectifs respectifs. Le cirque s’ouvrant largement en éventail, le choix est large :
– une demi-douzaine de randonneurs de « haute montagne » cible le pic de Labiguouer
– les 16 randonneurs « 1 et 2 » hésitent entre le col de la Cuarde, le Pas de Pau et le col de Saoubathou (1949 m). C’est ce dernier col qui sera retenu, car conseillé par Marie-Pierre, notre hôte du gîte.
– enfin les « marcheurs », en l’occurrence les marcheuses, ont pour objectif la seconde cabane et son paysage pastoral.
Depuis la cabane de Caillau, de nombreux lacets à travers l’estive nous élèvent progressivement au-dessus du cirque qui dévoile son ampleur au fur et à mesure de la progression en altitude.
Nous croisons des troupeaux de vaches, de chevaux et de brebis ainsi qu’un défilé d’ânes bâtés, chargés de matériels, probablement en provenance des cabanes de bergers ou du refuge d’Arlet ? Nous ne le saurons jamais car leurs guides sont pressés et peu diserts.
Arrivés dans une combe semblant engazonnée comme un golf, deux randonneurs préfèrent profiter du paysage et faire une pause bien méritée avant de redescendre. Le reste du groupe atteint le col de Saoubathou vers 13h. On n’ouvre pas tout de suite les paniers de pique-niques, car le panorama vaut le coup d’œil et mérite d’être dégusté :
– sur le versant est : le Pic du Midi d’Ossau dominant la vallée d’Aspe, avec à l’arrière-plan le Balaïtou qui se laisse deviner.
– sur le versant ouest : le Cirque de Lescun étale ses murailles de calcaire et ses sommets de pierres surplombant les estives et forêts verdoyantes.
Le soleil a à peine le temps de se voiler pendant la sieste qu’il faut déjà songer à redescendre les 800 mètres de dénivelé pour être à l’heure à un autre rendez-vous bien motivant aussi : l’apéro au gîte de Lhers !
Le Chemin de la Liberté : En juin 2004 étaient inaugurées deux stèles à Oloron-Sainte-Marie (Esplanade du parc Bourdeu) et au col de la Cuarde, à la frontière entre vallée d’Aspe et Aragon. Cette inauguration marquait l’aboutissement d’un projet visant à retracer le périple de ceux qui, dans les années 1940 à 1944, fuyant la répression nazie, décidèrent de franchir la frontière pyrénéenne malgré les terribles risques encourus.L’itinéraire de certains de ces fugitifs les conduisit, via Oloron, à passer la frontière sur les hauteurs de Lescun. De là, basculant côté Aragon, ils furent arrêtés puis emprisonnés et/ou conduits dans des camps d’internement franquistes, dont le sinistre camp de Miranda. Puis, au bout de six, huit mois ou plus, l’État espagnol les échangea contre des sacs de blé ou de farine…Quelques 22 500 de ces évadés auront été alors dirigés vers le Maroc et l’Algérie où ils se seront engagés dans l’armée française pour combattre l’Allemagne hitlérienne. Aujourd’hui, un balisage spécifique permet de parcourir une partie de leur “chemin de la liberté”, du plateau de Lhers au col de la Cuarde. L’occasion d’allier hommage à ces “évadés” et à leurs passeurs, avec une superbe balade sur fond de cirque de Lescun et de ses fameuses aiguilles d’Ansabère. Signalons que ce “chemin de la liberté” trouve son origine dans une action éducative initiée par Pierre-Louis Giannerini et ses élèves du lycée Tristan Derême d’Oloron, en collaboration avec l’association Trait d’Union.