La Boucle du Ganoubre

La Boucle du Ganoubre

Ce dimanche 19 novembre, monsieur le Préfet annonçait à grand renfort de panneaux, un jour de pollution.

Il est vrai qu’en automne la soupe est revenue dans nos menus mais foin d’une soupe cancérogène de particules fines, d’oxydes d’azote, de dioxyde de soufre voire de benzène et d’ozone…

Nous avons au CMC un certain gout du risque, nos terrains de jeux s’y prêtent, mais pas celui de se laisser empoisonner. Heureusement, une sortie dans le Tarn, une boucle autour de Noailhac, était programmée. Neuf dames et quatre messieurs, souffrant de rester enfermés entre quatre murs, embarquèrent dans trois voitures vers les 7h30 du parking habituel.

Dès la sortie du village de Noailhac nous empruntons une route. J’en profite pour rappeler les règles sécuritaires quand nous devons parcourir une chaussée et souhaite que les participants-tes, surtout les plus véloces, restent à vue. Serai-je entendue ?

Rapidement la route devient piste, le groupe s’étire. Nous sommes maintenant sur un sentier. Cette alternance sera notre lot durant toute cette randonnée.

Nous marchons sur la crête d’une colline, des près et des bois nous entourent, il fait froid et gris mais l’air est pur, nous espérons que le soleil fasse son apparition.

 Ici, la vie ne grouille pas, pas de klaxons d’autos sur les routes, ni de ronronnement des moteurs d’avion, si coutumiers à Colomiers, au-dessus de nos têtes mais peut-être quelques coups de fusils, toujours stressant, car nous arrivons près d’un groupe de chasseurs en discussion près de « Grand bois ». Heureusement, après renseignements, notre cheminement ne se situe pas dans leurs zones de tir. N’en déplaise à certains amis pratiquant la cynégétique, le milieu est assez macho voire sexiste pour preuve la remarque faite envers le leader du groupe en l’occurrence une femme.

Nous poursuivons notre chemin, en toute liberté, à travers bois et arrivons sur la route qui nous mène jusqu’au lieu-dit de « Prades ». Il y a peu de maisons, seul sujet intéressant dans les environs, des rocs de granit du Sidobre. Ils sont énormes et tout ronds.

Immanquablement, les sens au repos mais le cerveau titillé par les remarques précédentes, je pense à d’autres territoires, en principe, sans contraintes ni frontières. Il en est un à l’opposé de la montagne, la plage. En droit, les rivages de la mer sont publics, ouverts à tous-tes. En fait, en plus des barrières de toutes sortes, il y a une logique d’entre soi qui constitue des frontières infranchissables ou inaccessibles pour le commun. Il parait même qu’à Trieste, les hommes et les femmes font plages séparées… par un mur ! Imaginez que l’on applique le même principe de ségrégation en randonnée, les hommes devant (pour ne pas être excités par les silhouettes de ces dames en action), les femmes fermant la marche.

A Triestre, hommes et femmes se baignent séparés par un mur depuis un siècle.

Bon, poursuivons. Le sentier devient chemin et il descend vers le ruisseau du Ganoubre pour remonter après avoir traversé cet affluent de La Durenque. Je suis au milieu du groupe, proche des personnes marchant plus lentement, les autres galopent devant. Peut-être que la faim les motive ou sont-elles entraînées par une gazelle toujours est-il, qu’après un coup d’œil rapide sur mon descriptif, je me rends compte que le peloton de devant a raté la bifurcation à droite pour suivre le ruisseau. Je tente de les rattraper mais ne les rejoins qu’à la route.

Que faire ? Je grogne…Vous vous êtes trompés…Vous n’avez pas suivi les consignes. La prochaine fois j’emporterai des cartons jaune et rouge comme au foot… L’incident passé, nous attendons le reste de la troupe et empruntons la route pour rejoindre le village de Fialessuch.

Il fait un peu faim et froid nous poursuivons notre marche à la recherche d’un endroit accueillant pour déjeuner.

Victoire, une cabane nous attend porte ouverte. Nous apercevons à l’intérieur une grande table et des bancs, l’idéal, mais le groupe ne souhaite pas s’y installer. Ah ! L’éducation… Mais alors où se restaurer ? En consultant précisément la carte, je découvre un lieu-dit « le roc de Peyrenore » se situant dans les environs mais c’est finalement l’herbe d’un champ bien exposé au soleil qui nous servira de salle à manger.

Le repas avalé, nous descendons vers le village de La Rive. Une petite rivière dénommée La Durenque le traverse. Elle est un affluent de l’Agout.

Finalement nous longeons la route jusqu’à retourner à notre point de départ. Nous pénétrons dans Noailhac en traversant le quartier résidentiel certainement habité par d’anciens cadres de la mine de Noailhac-Saint-Salvy, seule mine française de zinc hélas fermée dans les années 90. Elle était exploitée par le groupe Metaleurop qui n’a pas laissé que de bons souvenirs car même si l’eau des cours d’eau parait aujourd’hui bien claire, elle a été chargée de métaux lourds.

Avant de remonter dans les voitures, nous visitons l’église Saint-Pierre-ès-Liens de Noailhac classée monument historique depuis 1923.

Il est 14h30, nous avons encore du temps, aussi nous décidons de faire le tour du lac artificiel. Impossible de s’approcher de celui-ci, des clôtures nous en empêchent ainsi que des avertissements fort inquiétants du style : sable mouvant… permettez-moi d’ajouter de cadmium, plomb et autres métaux lourds.

La boucle est bouclée. Nous avons commencé la journée en quittant la pollution atmosphérique, nous la terminons rattrapés par les souvenirs émanant de cette mine de zinc. Cependant, pour ceux-elles, qui seraient réticent-es de chausser leurs baskets en cas de pic de pollution ou de parcourir des terrains pas très catholiques, le plus dangereux pour la santé est de ne pas marcher.

Pot de l’amitié à Castres au centre-ville. Arrivée à Colomiers vers 17h30. Merci à tous de m’avoir supporté et à bientôt sur les chemins.