Les Orris et le château de Roquefixade
Les Orris et le Château de Roquefixade
Sans savoir pourquoi
J’aime ce monde
Où nous venons pour mourir.
Natsume Sôseki (1867-1907)
C’est vrai que cette balade en piémont est belle comme était magnifique ce jour de grand beau temps et c’est ce monde que nous aimons… L’ensemble ne pouvait, comme le suggère ce haïku, que nous faire adorer ce macrocosme dans lequel nous passons. Mais est-ce la saison pour mourir ?
C’est le moment de vous proposer un clin d’œil en ce jour de présidentielle : gardons-nous cependant de suivre l’exemple de l’un d’eux, Félix Faure – ancien président de la République (1895-1899) – mort en épectase, pour vous rafraîchir la mémoire, ce mot signifie : mourir dans la jouissance ! Nous avons le temps et il y aura bien d’autres occasions de s’émerveiller.
En ce deuxième jour d’élection présidentielle, Guy avait judicieusement choisi un parcours pas très long ni trop éloigné pour pouvoir et effectuer notre devoir électoral et assister aux résultats aux 20 heures à la télé.
Sur sa demande, il sous-traita la randonnée à Christine qui doit, pour obtenir son diplôme d’accompagnatrice faire ses preuves par trois fois. En marche donc pour le plateau du Plantaurel et plus précisément vers la commune d’Ilhat et pourquoi pas vers l’allégresse…
Il nous fallait bien deux accompagnateurs pour démarrer le circuit. C’est souvent le cas en Ariège, les départs sont très mal indiqués. Les topos récupérés sur internet sont datés et nous avons toutes les peines du monde à commencer la rando depuis le hameau de Bac d’en Haut ; Il est 11 heures.
Donc un peu de « jardinage », quelques allers/retours en terrain glissant, ce qui a eu l’heur de nous échauffer, quelques doutes aussi sur le fonctionnement des GPS, ils ont bon dos ! Et nous voilà sur le bon chemin en direction des ruines du château de Lo Castèl de Roca-Fissada (en occitan).
La montée est légèrement soutenue mais régulière dans l’ensemble, il suffit de garder un petit rythme pour ne pas s’essouffler.
Vers les 13 heures nous débouchons sur les crêtes et c’est tant mieux car les estomacs se manifestent par des grognements sourds, le paysage face aux ruines du château et à la chaîne des Pyrénées ariégeoises est de toute beauté de plus nous sommes à mi-parcours, trois bonnes raisons de faire la pause de midi.
Le repas pris, le corps se repose mais l’esprit travaille. Face à ces ruines du château édifié en 1034 (date facile à se rappeler pour les bouddhistes, j’en connais parmi nous, c’est la naissance de Shin Arahan primat du royaume de Pagan !), je ne peux m’empêcher de penser au courage des constructeurs de tels ouvrages et bien sûr de faire un parallèle avec notre temps.
Que de peines ils ont endurées ! Pensez à la construction avec les outils de l’époque et en ce lieu qui se voulait volontairement difficile d’accès, ennemis obligent.
A l’heure actuelle, beaucoup de gens ne demandent à la vie que l’absence de peines. Pour nous randonneurs du CMC, ce serait des sorties sans pluie, sans froid, sans montées, sans chemins glissants, sans longs parcours avec une route d’accès sans virages, etc. Vous compléterez à l’envi.
Ce mérite négatif ne peut donner aucune jouissance. Les âmes fortes veulent exister ; et pour exister en marchant en montagne, il faut rencontrer des difficultés pour mériter les paysages somptueux au bout des chemins. Ennemis obligent aussi. Ce ne sont plus les Vandales ou autres Sarrazins qui nous veulent du mal, mais la sédentarité, l’inaction, la pollution des villes… Alors en marche avec le CMC.
Vu d’innombrables fleurs poussant sur le terrain calcaire en particulier des tapis de gentianes de l’écluse, des œillets du Roussillon, des saxifrages sur les murs du château et bien d’autres non identifiés. Vu quelques rapaces en particulier des vautours fauves.
Après la traversée des ruines du château cathare de Roquefixade, nous descendons vers le village éponyme.
C’est jour de vote, la mairie est décorée de drapeaux tricolores et nous croisons quelques Rocofissadois. À part la période des « grandes fêtes » d’été, le village va se rendormir pour 5 ans. Le parcours se poursuit à travers les ruelles pour atteindre finalement un bon chemin qui nous mène vers une stèle commémorative des combats des 6 et 7 juillet 1944 à hauteur du hameau de Coulzonne.
Une particularité de cette boucle de huit kilomètres et de 500 m de dénivelé est de ne jamais parcourir de route goudronnée. Nous empruntons d’anciens sentiers dans une hêtraie pour finalement retrouver notre chemin du départ.
La boucle est bouclée, un grand bravo aux trois nouveaux cémécistes qui ont passé avec succès leur test d’adhésion. Nous espérons les revoir prochainement.
Nous remercions aussi notre accompagnatrice très vigilante au confort de chacun(e) et qui ne nous a pas perdus.
Retour vers Colomiers via un bistro de Pamiers où traditionnellement nous concluons la sortie par le pot de l’amitié et le partage de moult gâteaux.
À bientôt pour être en marche vers un nouvel épisode ; d’ici là bon vent !