Sauliac sur Célé

Sauliac sur Célé

Deux comptes-rendus pour décrire en détails cette sortie « marcheur » baptisée  » La Combe Nègre » :

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Douze partants au petit matin frais. Nous « confions nos vies » à Pascale qui a pris en charge notre sortie après une préparation longue et méticuleuse. Carte, boussole en main, elle nous fait descendre au bord du Célé qui coule puissamment. 

Dans la montée, après une petite hésitation (faut bien dire que son parrain ne lui facilite pas la tâche… mais il n’est pas là pour ça… bien au contraire), notre chère guide nous emmène dans un lieu magique. Entre deux murets de pierres séchées, nous traversons un bois de buis couverts de mousses et de lichens.

La suite nous fait divaguer dans un taillis où se mêlent buis, genévriers, chênes verts aux troncs tortueux. De temps à autre, un point de vue nous émerveille en offrant un panorama sur les falaises de calcaires vieilles de millions d’années. Peut-être cachent-elles encore quelques grottes préhistoriques ignorées (à BRUNIQUEL, à quelques kilomètres d’ici, vient d’être découverte une nouvelle grotte abritant des peintures du paléolithique). Ces falaises cachent de vrais trésors archéologiques mais aussi géologiques. Paradis des spéléologues, le QUERCY offre des centaines de possibilités d’explorations souterraines.

La redescente nous dépose auprès d’un réservoir artificiel taillé dans les strates calcaires pour offrir au bétail qui vit dans ces bois de quoi se désaltérer ; surtout l’été lorsque les températures atteignent des sommets sur ces plateaux peu ombragés. La COMBE NÈGRE nous protège du soleil qui commence à chauffer sérieusement. Les collines environnantes se font plus massives et « pelées ». La végétation se raréfie et laisse apparaître un sol gris clair.

Une pause « sieste » vient agrémenter notre balade, le soleil vraiment réconfortant nous fait remonter notre taux de vitamine D. Une poignée d’entre nous décide de gravir un petit mamelon « pour voir ce qu’il y a derrière ». Bien leur en prit, la végétation serrée du sommet les oblige à rebrousser chemin.

Nous atteignons enfin la VALLÉE DU CÉLÉ que nous longeons sur une vire à flanc de falaise. La vue cachée par un bois de buis touffu nous empêche d’apprécier la verticalité de ce passage. Nous longeons parfois les ruines de ce qui a été des demeures paysannes, abandonnées au XIXe et début du XXe siècle. Les murs aux pierres épaisses imposent le respect. Nous avons une pensée pour ces populations qui, avec pour seuls outils leurs mains et quelques outils rudimentaires, ont colonisé ces contrées arides et sévères. 

Nous regagnons rapidement SAULIAC pour monter (encore !!!) visiter le vieux bourg « accroché » à la falaise au-dessus du Célé qui coule juste en dessous.

Nous sommes rentrés en « coupant au travers » d’une campagne « profonde », vous ne pouvez pas imaginer… pour récupérer les bâtons d’Hervé à PUYJOURDES… puis regagner COLOMIERS à 19h30. Un grand merci à nos cuisinières qui comme chaque fois nous gâtent de pâtisseries aussi délicieuses les unes que les autres.

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Sous quel angle attaquer ce compte-rendu ? Souvent, pour commencer, nous évoquons les facteurs météorologiques du moment. Certes, ils sont déterminants pour la réussite d’une sortie mais cela devient commun ; voyons autre chose. Dans la conversation des Français, c’est bien connu, la nourriture occupe aussi une grande place. Je peux essayer d’entamer ce bavardage par ce biais.

Mangez-vous toujours les mêmes aliments ? Non, je suppose, vous avez raison, ça deviendrait lassant. Eh bien, nous aussi, au CMC, aimons la variété. Elle se traduit dans nos propositions de balades. C’est pour cela que nous affectionnons de visiter d’autres lieux que nos Pyrénées, en l’occurrence, ce dimanche, la vallée du Célé.

Le lit de cette rivière est sensiblement parallèle à celui du Lot, son cours ricoche d’un paysage à l’autre, gravant son passage dans les plateaux calcaires. C’est sur ces causses que Pascale, notre nouvelle impétrante (*), en a choisi une au départ de Sauliac sur Célé, petite commune de 130 âmes. Nous laisserons les hautes falaises, tantôt noires et blanches, tantôt réchauffées d’ocres aux varappeurs, ce n’est plus de notre âge.

Jeudi soir, lors de la réunion, se constituait un plastron dirigé (**) de choix. Quatorze volontaires, douze présents à 7 heures le dimanche et douze aussi à l’arrivée. Bravo ! Pas de perte. Dès le départ, notre accompagnatrice énonça des consignes de déplacements, relatives à notre sécurité, claires et logiques. Quelquefois, Pascale, nous rappelait à l’ordre au son du sifflet, mais l’ambiance est toujours restée bonne enfant, nous prenions notre rôle au sérieux mais comme un jeu. 

Le fait de partir tôt nous permit d’admirer le magnifique lever de soleil dans la campagne. Marchant plein est, au départ, les photographes ont pu aussi immortaliser cette lumière jouant au travers des arbres recouverts de lichens.
Trop vêtus en général, les montées nous réchauffèrent vite et c’est sous une tempête de ciel bleu que nous avons progressé, toute la journée, sur de magnifiques chemins tracés au milieu des buis, végétation typique des terrains calcaires. Par chance, nous n’avons croisé des chasseurs qu’en voiture, les coups de fusil semblaient lointains, nous n’avons pas eu à souffrir de leurs hubris (***).
Le circuit, une boucle en forme de point d’interrogation, nous proposait un petit détour, vers une antenne, placée sur un point haut. Nous avons pu admirer le beau paysage environnant composé de profondes vallées boisées parsemées de-ci de-là de constructions vraiment isolées. La végétation démarrait à peine, en avril avec l’éclosion des bourgeons et des fleurs ce doit être une pure merveille accompagnée par les chants des oiseaux. C’est dans ces lieux, loin de la pollution des villes que nous reprenons quelques forces physiques et mentales.
Un excellent point pour Pascale, elle nous dégota une magnifique salle à manger, avec fauteuils en pur calcaire, à midi. Repas, pris en plein soleil, il est tout à fait supportable à cette période. A l’inverse de la variété des randonnées, le menu est souvent le même en campagne, à savoir une traditionnelle salade froide à base de riz. Ce n’est pas le plus important, l’ambiance de partage, la bonne humeur des uns et des autres, le reste à venir, remplacent largement le peu d’agrément gustatif offert par le pique-nique.
 
Les 300 mètres de dénivelé ont été avalés avant le repas, il ne restait qu’à descendre vers la rivière. Nous prîmes notre temps en cheminant toujours sur d’agréables chemins. Des temps de repos, dus à la vérification sur carte de l’itinéraire, nous jouions à nous faire peur, étaient les bienvenus. Même si le parcours n’était pas très long, 13 kilomètres, certains, dont moi, souffraient peu ou prou de leurs vieilles carcasses.
Après un charmant chemin en bordure de rivière, nous repassons sur le pont dit « des citrouilles », enjambant le Célé et rejoignons nos voitures sur le parking de l’église. Nous pouvons lire sur une plaquette qu’au cours d’une inondation, ces cucurbitacées cultivées dans la plaine, arrachées par les flots tumultueux, se sont retrouvées coincées contre le pont, ont fait barrage et celui-ci fut emporté.
 

Nous sommes tous d’accord pour valider cette première randonnée. Pascale est sur de bons rails nous lui souhaitons de continuer sur cette voie. Nous la remercions pour cet agréable moment, ainsi que Philippe pour ses conseils de lecture de carte. N’oublions pas Guy, découvreur de la rando et malencontreusement cloué au lit par un vilain lumbago.

Nous vous conseillons fortement cette randonnée facile et largement documentée dans tous les topos relatifs au département du Lot, sinon à bientôt sur d’autres chemins, l’essentiel étant de marcher.

Pour finir, nous avons pris notre « pot de l’amitié » à Saint Gery. Merci pour les excellents gâteaux cuisinés et offerts par Véronique et Pascale. Retour à Colomiers vers les 19 heures. Merci à tous.

Un petit haïku pour digestif :

L’herbe des champs
Libère sous mes semelles
Son parfum.

Masaoka shiki (1866/1909)

(*) Personne qui a obtenu de l’autorité compétente (le président : Philippe) quelque chose qu’elle avait demandé officiellement (l’organisation de 3 balades).

(**) Terme copié du langage militaire, ici adapté à l’ensemble des randonneurs qui au cours de promenades, jouent le rôle de marcheurs qui doivent suivre les consignes données au départ.

(***) C’est un sentiment violent, inspiré des passions, ici la chasse. On lui oppose la tempérance et la modération.