La Vallée du Najar
La Vallée du Najar
Comme situations désagréables, lors de nos sorties, il y a l’équivalent du grain de sable dans un engrenage. Pour nous, le grain peut se révéler d’ailleurs assez gros, une ondée qui tombe sous forme de grain et qui nous gâche la randonnée parfaitement organisée par ailleurs. Il y a aussi le caillou dans la chaussure au sens propre ou figuré lors d’oublis d’un équipement ou une douleur survenant en cours de marche… Mais il y a aussi l’absence de la préposition : vers, dans les projets de sorties.
Les organisateurs fixent souvent des objectifs ambitieux, quels que soient les niveaux. S’ils ne sont pas atteints, c’est la frustration assurée. S’ils sont réalisés, c’est grâce à l’homogénéité et à la célérité du groupe. Il me semble qu’en rando dans le milieu montagnard, il est bien de prendre son temps, ne serait-ce que pour prendre des photos et de mettre tous nos sens en alerte. L’adjectif slow pourrait être aussi associé à la marche.
Voilà donc la proposition de Christine, reformulée, du 13/09/20 : la vallée du Najar vers la 5ème cabane, celle dite de Prat Redon. Trois cémécistes s’inscrivent. C’est peu mais nous sommes en concurrence avec un séjour dans le Luberon organisé par le CMC et la manifestation dite du « battage à l’ancienne ».
Vous constaterez l’éclectisme et la dynamique de notre association, il y en a pour tous les goûts y compris le vôtre, n’hésitez pas à nous contacter et nous rejoindre. Fin de la pub.
Dans Savignac les Ormeaux, en direction d’Ax les thermes, prendre à droite et traverser un pont très étroit. Emprunter une route très étroite elle aussi et se garer à hauteur des chalets. Visiblement, les éleveurs ne souhaitent pas que l’on roule plus loin. Cependant, il est possible de stationner un kilomètre plus en avant, le chemin est carrossable et en toute fin il y a une aire de retournement. Ce kilomètre au retour, avec la fatigue accumulée est interminable et n’apporte rien en plus. Le matin, nous pouvons parler d’échauffement, à vous de voir.
Nous nous émerveillons du rassemblement d’hirondelles rustiques. N’ayant pas de fils électriques pour se poser, c’est sur les fines branches d’un saule pleureur qu’elles attendent le moment favorable pour passer la chaine pyrénéenne devant elles.
Une trentaine de Gasconnes nous encouragent avec un concert de clarines. Elles sont descendues provisoirement des estives, les agriculteurs devant les séparer de leur veau. Nous aimerions parler leur langage et beugler pour leur formuler toute notre compassion. Humain, trop humain, trop de sentiments.
Dame Nature nous gâte, impossible pour un humain de réaliser une telle harmonie. J’espère que vous en aurez une idée en regardant les superbes photos de Christine. Nous y passons du temps et pouvons observer grâce à la qualité d’attention de Marc, la pêche d’un cingle plongeur. Plus tard, c’est un couple de bergeronnettes des ruisseaux reconnaissables à leurs vols onduleux qui attire notre regard.
Plus nous progressons, plus il y a de vie. A chaque pas, chose devenue rare, nous effrayons une multitude de sauterelles. Nous observons aussi avec bonheur des dizaines d’hirondelles de rocher tournoyant le long des falaises bordant les Jasettes. Une énorme fourmilière en orée d’une pinède attire aussi notre curiosité. Les occupantes, très actives, préparent l’hiver en amassant des provisions.
Avant de continuer en direction de la cabane de Prat Redon et vu l’heure, nous devons reconstituer nos forces. Le soleil, malgré l’été qui s’achève, est trop ardent, nous trouvons un endroit à l’ombre pour nous restaurer. Petite sieste pour l’un, exploration vers le plateau suivant et peut-être la fameuse cabane pour les deux autres randonneurs.
Trois quarts d’heure plus tard, nos deux compères sont de retour. Ils ont passé le verrou mais arrêté peu après leur progression, l’objectif souhaité étant trop loin. Une autre fois sûrement, car cette vallée proche de Toulouse, peu fréquentée, est vraiment digne d’intérêt ; nous y reviendrons et peut-être, en prenant de l’altitude, nous pourrons admirer : au sud le pic Fourcade (2675 m) et le pic de Rulhe (2783 m), plein est, le pic de l’étang Rébenty (2415 m).
Même vitesse lente pour redescendre, nous prenons le temps de ramasser quelques cèpes.
our moi, pratiquer la randonnée, c’est prendre la géographie parfois rugueuse de la montagne à bras le corps. C’est braver une distance, une altitude, la chaleur, le froid, le vent ou la pluie, mais toujours avec le souci de renforcer le circuit de récompenses du cerveau, indispensable à la motivation. L’apprivoisement de ces superbes territoires est fait d’efforts mais aussi de plaisirs en capturant, tous sens en éveil, les émotions, le bruit du temps, le grain de l’instant. Les montagnes sont immobiles, elles obéissent au temps géologique cependant les épiphénomènes observés sont brefs et fugaces. Prendre son temps en montagne, aller vers, sans forcément avoir le souci d’aboutir à l’objectif, c’est s’offrir la possibilité de s’imprégner de leur tranquillité, de leur calme. Le temps n’existe plus, le chemin et les ombres du soleil sont nos références. Un nouveau rythme, plus naturel, connecté à nos sensations se met progressivement en place. Accompagnez-nous pour en faire l’expérience.
Un grand merci à Christine pour son rôle de leader. Pot de l’amitié à Savignac. Retour à Colomiers à 20h15.