Le Col de l’Arraing – Salsein
Le Col de l'Arraing – Salsein
Les règles du jeu variant quelque peu, il était donc décidé de tester une nouvelle organisation. Une animatrice et un animateur partageraient le groupe en 2 sous-groupes de 6 randonneurs pour marcher et en 3 sous-groupes de 4 pour covoiturer, tout cela en respectant bien sûr les gestes dits « barrières » à savoir port du masque en voiture, respect des distances entre marcheurs, le pot de l’amitié a priori oublié puisque les bars sont fermés, etc.
Le « doddle » remplaçant la réunion préparatoire et sa convivialité, nos écrans avaient informé chacun de la direction choisie : le Couserans (Ariège) pour aller au plus près afin de rentrer avant le couvre-feu et de l’objectif de la marche : une boucle de 10 km avec 700 m de dénivelé.
Passés la petite heure d’autoroute et de route départementale réglementée à 80 km/h le long de la vallée du Salat, nous traversons Saint-Girons puis Castillons pour grimper par une route étroite et tortueuse jusqu’au village de Salsein et plus exactement « Salsein haut ». Nous réussissons à garer (tout juste !) nos 3 voitures près d’une ferme, nous chaussons et hop ! Le second groupe attendra 10 minutes avant de s’élancer suite au 1er groupe, et nous avons décidé de nous retrouver à une pause intermédiaire avant le col. Le premier quart d’heure fait souffrir et hurler nos mollets car la pente ariégeoise est, bien sûr, très « soutenue » avant d’arriver aux dernières granges qui dominent le village.
Ensuite le dénivelé se grimpe plus en douceur en empruntant des pistes forestières (Forêt de Moussaou) où nous cheminons sous l’ombre très relative des arbres encore sans feuille, la neige de la semaine dernière ayant considérablement retardé l’éclosion du printemps. La vallée de la Bellongue s’étend derrière nous au fur et à mesure que nous gagnons de l’altitude. Les arbres aussi grandissent car nous terminons l’ascension sous une superbe futaie de hêtres, la forêt est magnifiquement entretenue. Juste avant le col, la pente se hérisse de rochers moussus puis s’aplatit doucement, la forêt cède la place à l’estive.
En atteignant le col (1360 m), l’horizon s’élargit progressivement et la chaîne enneigée surgit de façon spectaculaire comme un décor de théâtre se soulevant de dessous la fosse de scène. La vision est époustouflante, nous embrassons en quelques secondes tous les sommets du Couserans dominant la vallée du Biros. Les noms sont évocateurs : Mont-Valier, Crabère, Mail de Bulard, Maubermé… Les sommets sont plâtrés de neige et forment un gigantesque chapelet de meringues.
Les 2 groupes se retrouvent, admirent cette vision exceptionnelle, s’assoient dans l’herbe ou sur les rochers à bonne distance les uns des autres, visitent la cabane superbement située face au panorama (on comprend le choix des bergers pour cette implantation rêvée).
Un nouveau sous-groupe (hybride des 2 premiers) se forme ; 6 randonneurs décident d’atteindre le Pic de l’Arraing, 300 mètres de dénivelé plus haut, ce qui leur permet d’embrasser un panorama encore plus vaste sur la chaîne pyrénéenne et aux autres de libérer une heure de plus pour déguster le pique-nique et une sieste au soleil.
Il fait un temps magnifique : ciel bleu d’azur, température idéale autour de 20 degrés, sans un seul nuage et sans le moindre vent qui pourraient gâcher le plaisir…
Le col accueille aussi d’autres groupes venus du fond de la vallée du Biros, mais l’estive est si grande que personne ne se gêne.
Après le repas, les 2 groupes initiaux se reforment et partent à nouveau en décalé pour la redescente qui se fait par un autre itinéraire qui longe la crête. Le sentier – un chemin de vaches – forme un belvédère au-dessus de la vallée du Biros et nous sommes perchés au-dessus des villages de la soulane (versant sud) : Balacet, Uchentein, Bordères/Lez… dont nous pourrions presque toucher les clochers des églises.
Nous admirons une dernière fois le spectacle de la vallée et de ses sommets enneigés avant de bifurquer vers l’autre versant pour rejoindre le village de Salsein au bout d’une piste en lacets traversant à nouveau la forêt du Moussaou. Il est 16h30.
Sachant que nous ne pourrons nous retrouver sur une terrasse autour d’une table, un couple de randonneurs a eu la très bonne idée de nous régaler en prévoyant le goûter : gâteaux et cidre sont les bienvenus pour remplir nos gosiers mais surtout pour célébrer ces retrouvailles et cette superbe randonnée montagnarde.
En commun, nous engageons une petite évaluation rapide et dans la bonne humeur qui permet de valider cette nouvelle formule “rando-covid” qui ne présente pas d’inconvénient. La possibilité de marcher en groupe limité à 6 randonneurs étant même jugée comme un plus par rapport à un groupe avec un effectif supérieur.
Hélas, le retour est moins drôle car les Toulousains ont tous profité de cette belle journée printanière sans confinement et il faudra vite quitter l’autoroute pour éviter les embouteillages et respecter le couvre-feu (enfin presque !) à l’arrivée à Colomiers.