Le vallon de Quioulès
Le Vallon de Quioulès
Mais que se passe-t-il au sein du CMC pour le niveau marcheur et encore plus pour le niveau 1 ? En effet, ce ne sont pas deux ni trois mais bien quatre voitures qu’il a fallu prendre pour acheminer les quelque 18 randonneurs(euses) en direction du vallon du Quioulès.
Tout le monde à l’heure même pas une défection sur le parking à 7h30. Bien sûr je vois une multitude de raisons pour cet engouement.
– L’été indien qui n’en finit pas.
– L’itinéraire en lui-même, pas très loin, 130 km de Colomiers, dans une région sauvage réputée très jolie.
– peut-être la composition du groupe et l’effet boule de neige : « T’y vas ? Bon, alors moi aussi. »
– mais surtout la qualité de l’encadrement particulièrement compétent. IL me faut un peu développer ici. Pas moins de quatre accompagnateurs(trices) pour nous chaperonner dont le principal reconnaissable à sa calvitie naissante du plus bel effet et qui, comme chacun le sait, attire car il n’y que des avantages à se déplumer : économie de coiffeur, de shampoing, peu de perte de cheveux, mais surtout identification à Bruce Willis dans ses opus testostéronés !
Le second va de l’avant mais toujours à son avantage. Il faut sincèrement remercier tous les quatre car, en particulier, le rôle de serre-file n’est pas toujours commode et un tantinet frustrant. Ils ont su aussi nous ramener à la nuit tombante sains et saufs aux voitures.
Arrivé sur zone à 9h20 et départ du groupe à 9h35 pour un aller/retour. Ça commence par une montée sévère après le passage de ponts sur le Quioulès alimentant le lac artificiel de Riète. Pas eu le temps de s’échauffer. Extinction de radio CMC tout au long de cette rampe, nous avons le souffle court pour absorber ces premiers 300 m de dénivelé. Malgré des myriades de feuilles de hêtres recouvrant le cheminement zigzaguant et piégeur, nous arrivons sans encombre à un petit col.
Nous reprenons forces et respiration normale avant d’attaquer une descente qui ne s’avèrera pas des plus facile surtout au retour car elle aussi est assez sèche. Il faudra bien gérer son effort et en garder sous la semelle.
Traversée du pont de la Crabe pour continuer notre parcours montant sous une hêtraie magnifique avec un chemin bien tracé mais toujours recouvert de feuilles.
Hélas, il est un moment où la forêt disparait et le terrain devenant plat, il laisse place à des jasses recouvertes de tourbes bien noires, des noues c’est-à-dire des terres grasses, froides et humides, en un mot, des sols piégeurs propres à vous remplir les chaussures d’un liquide nauséabond pour peu que l’on soit mal chaussé ou peu attentif à l’emplacement des appuis.
C’est arrivé à plusieurs de nos camarades qui ont dû redoubler d’attention dans leur progression ce qui a ralenti considérablement la progression du groupe avec comme corollaire l’éloignement de l’heure du repas…
Les cinq kilomètres devant nous mener à l’objectif – c’est-à-dire la cabane de Quioulès (1611 m) – n’en finissaient pas et c’est vers les 13h15 que nous pûmes nous assoir au soleil et enfin tirer notre encas du sac. Imaginer marcher dans de telles conditions ! Beuh ! Mais il y a des solutions : les chaussettes russes (*).
Heureusement, les nourritures sensorielles et en particulier la vue du magnifique panorama du fond de vallée, nous remplissaient entièrement le cerveau et annihilaient toute source d’une quelconque contrariété stomacale.
Notre guide, en plus de ses nombreuses qualités, a aussi une horloge interne performante. Vu la vitesse moyenne de déplacement du groupe, l’heure du coucher de soleil, le profil inversé du terrain, les aléas éventuels il en déduit que l’heure maximale du redémarrage devait être impérativement 14h01mn30s. Ce fut fait à la seconde près et dans la bonne humeur car un vent de suet rafraichissait sérieusement l’atmosphère et nous avions hâte de bouger pour nous réchauffer. Les calculs se révélèrent performants, nous arrivâmes juste avant la tombée de la nuit aux voitures.
À l’automne, les forêts sont magnifiques dans leurs camaïeux de couleurs sombres mais hélas elles sont silencieuses et désespérément vides de toute vie animale, même pas un chat haret. Plus de fleurs non plus pour égailler les prairies. Est-ce normal ? On dirait qu’une bombe à neutrons a tout détruit, ou alors est-ce par les chasseurs que la faune a été tuée ou peut-être le réchauffement climatique qui fait son œuvre et qui oblige les animaux endémiques à migrer pour un meilleur climat ? Cela nous concerne, en comprenant mieux cette complexité nous pourrions nous donner de plus grande chance de garder un environnement que l’on aime tant et qui pourrait prospérer. Comment ? Nous pratiquons le covoiturage, nous ne sommes pas guidés par l’intérêt personnel, nous jouons collectif et loin d’avoir la mainmise sur la nature, le CMC et ses membres sont profondément inscrit dans le réseau de la vie et la respecte autant que faire se peut.
Pot de l’amitié dans le village des Cabannes. Il fait noir nuit et il est assez tard quand nous quittons cette ambiance chaleureuse. Nous prévoyons une arrivée à Colomiers vers les 20h30 mais la vie « normale » nous rattrape vite et nous devons faire preuve de patience dans les embouteillages dus aux travaux sur le tunnel de Foix qui se trouve donc fermé. L’estomac ne crie pas famine, les nombreux gâteaux offerts l’ont rempli avec bonheur et gourmandise. Une mention particulière pour l’excellent far breton confectionné par Catherine et les cookies de Yolande.
Un grand merci à tous pour leur amicale participation et félicitations aux encadrants qui bien sûr ne se reconnaitront pas dans ce compte-rendu ou alors ce n’est que pure coïncidence. À bientôt sur les chemins.
(*) Les chaussettes russes ne se tricotent pas, elles consistent en un carré de tissu, utilisé pour envelopper le pied des soldats russes depuis le tsar Pierre le Grand ; initialement, elles étaient utilisées par les paysans et les prisonniers pour se protéger les pieds. Parmi ses avantages, outre une bonne protection contre le froid, une durée de vie plus grande que celle d’une chaussette car les zones d’usure peuvent être déplacées. Pas de plis sous le pied, elles sont confortables puisque le pied n’est pas comprimé, elles offrent donc une libre circulation sanguine. Le lavage et le séchage ne posent aucun problème : pas de mailles en caoutchouc qui se défilent ou se détendent, etc. Elles sèchent plus vite que des chaussettes ordinaires, on peut les accrocher au sac. Elles peuvent se tailler dans n’importe quelle étoffe : drap, couverture polaire, torchon, Gore-Tex… Elles ont également un tas d’autres usages détournés (bandage, filtre [l’eau aura meilleur goût], drapeau, mouchoir….
Démonstration du pliage d’un rectangle de tissu.