Séjour en Camargue
Séjour en Camargue – Marche Nordique
Du 6 au 8 octobre 2017
Jour 1
D’habitude, dans les dépliants d’agence de voyages, ce jour est consacré à l’acheminement et l’installation sur le lieu d’hébergement. Nous avons fait plus fort, car en étudiant une heure de départ judicieuse c’est-à-dire en dehors des embouteillages, nous avons pu déjeuner, en tirant un repas du sac le long du canal de Sète au Rhône dans le village de Franquevaux commune de Beauvoisin.
Tout le monde mangea d’un fort bon appétit sous un soleil de plomb et une lumière que je qualifierais de très blanche. Lunettes obligatoires. Bien sûr qui dit soleil pense vent assez fort. La tramontane chassait les nuages, nous étions dans un des 110 jours répertoriés par la météo et pendant lesquels l’air est violemment brassé.
Premier round sur trois juste après le café. Dûment équipé pour pratiquer la marche nordique, le groupe s’ébranla pour un parcours variant entre 6 km : le manche de la sucette et 11,5 km pour la sucrerie entière autour du Marais des Cougourlier. Premier contact avec la flore et les animaux d’élevages traditionnels, enfin c’est vite dit, car ceux-ci sont le plus souvent laissés en totale liberté d’où leur aptitude aux combats pour les bovins. Je nommerais les célèbres chevaux et taureaux de Camargue. Autant la robe des chevaux camargues est grise, autant celle des “raçio di biou” est noire luisante. Les daltoniens pourront suivre les courses taurines sans se tromper d’animaux.
La flore dans ce milieu humide est essentiellement composée d’une grande variété de roseaux et en particulier de la sagne. Très vigoureuse par endroit, elle forme des arches sous lesquelles notre cheminement nous conduisait. Nous passons debout sous ces feuillages qui servent à la confection des toits des maisons des gardians.
Regroupement général et obligatoire dans un restaurant-bar rustique mais sympathique pour faire le point mais surtout faire disparaitre la poussière abondamment respirée. Nous poursuivons notre route en direction des Saintes-Maries-de-la-Mer. Installation dans les coquettes et confortables chambres de l’hôtel des Palmiers.
Nous reconstituons les calories brulées dans un des multiples restaurants à touristes sélectionné par Muriel, avec un repas local à dominante viande de Toro et du riz local, enfin nous l’espérons. Cette viande est goûteuse, tendre et peu grasse, comment peut-il en être autrement aux vues de la maigreur des pâturages. Ces pauvres bêtes doivent parcourir beaucoup de distance pour trouver de piteuses touffes d’herbes. Elles sont moitié moins grosses qu’une vache normande (350 kg) en moyenne. Une misère, par contre elles sont agiles et courent vite.
Tout le monde remange de bon appétit. À nos âges, nous craignions la sarcopénie (Irwen Rosenberg 1989). Attention à ne pas se méprendre, il ne s’agit pas d’avoir inconsidérément de la peine pour l’ancien Président, non, mais de lutter contre ce syndrome gériatrique se caractérisant dans un premier temps par une diminution de la masse musculaire qui en s’aggravant sera à l’origine d’une détérioration de la force musculaire et des performances physiques. D’ailleurs, prévenants gestionnaires de leur corps en « bon père de famille », certain(es) et ils n’ont pas tort, ont pris une assurance sur l’avenir en amassant quelques réserves de-ci de-là, au cas où. Nous ne sommes jamais assez prudents !
Jour 2
Deuxième round sur la plage de Piemanson, visite des salines sur la commune des Salins de Giraud et sur le retour visite d’un parc ornithologique.
Au matin, tout le groupe se retrouva dans la salle à manger et chacun prit un petit déjeuner complet, à la française. Le départ vers la plage est prévu pour 9 heures. Il y régnait un gentil brouhaha. Cependant, certains mots ou bribes de phrases qualifiant la journée d’hier étaient audibles. Nous entendions : soleil, ciel d’azur, vent, taureaux, chevaux, terrains plats ce qui nous changeait de nos Pyrénées, Muriel nous gâte… Chacun donnait son ressenti sur cette belle région : la Camargue. Voilà comment un poète local, Jean de Proal la chante :
« Étendue fluide que de lointaines lignes basses diluent dans de fuyantes perspectives au lieu de la fixer et de la retenir, elle vit aux rythmes du ciel plutôt qu’à ceux d’une terre dont elle n’a pas su encore prendre les assises. Toujours différente et plus belle chaque jour, c’est que le ciel lui donne ses prestiges. Et il n’est nulle part de ciel plus vivant, plus changeant, parcouru de plus de souffles, soulevé de plus d’élans, chargé de sortilèges plus subtils, mieux capable des pires violences et des plus fascinantes douceurs ».
Heureusement, nous étions, ce samedi 7 octobre, dans cette occurrence. Après une petite heure de route, nous arrivons au bout du monde en butant sur la mer.
Tous les cémécistes s’équipent pour une randonnée de 13 km sur la plage ou ses abords en direction de l’estuaire du Rhône. C’est magnifique. Tous les ingrédients participant au Bonheur sont au rendez-vous : une mer à 18/19° d’après les baigneurs, du sable fin, un ciel sans nuages, très peu de personnes, pas de bruits parasites juste celui du roulement des vagues… Un rêve, le pied. C’est une première pour nous, marcheurs nordiques, une expérience mémorable.
Des petits groupes de niveaux se forment au fil des kilomètres. Les chemins divergent, des courageux (es) s’essaient sur le sable mou en bordure des vagues, enjambant des troncs de bois flotté, d’autres recherchent un terrain un peu plus porteur pour enfin rencontrer ce grand fleuve qu’est le Rhône. C’est un aller/retour relativement court et mené à bon rythme si bien que vers 13 heures nous sortons notre piquenique des sacs et déjeunons face à l’immensité bleue. Ça nous change des magnifiques paysages des sommets étincelants sous la neige .
Et si l’on répondait non en se plaignant par exemple du sable qui se faufile partout y compris sous la dent… Il faudrait rétorquer que nous avons de la chance car 40 % de nos compatriotes ne partent pas en vacances et bien sûr encore moins en weekend.
Changement de statut, nous nous déguisons en touristes de base pour visiter de loin les salines situées sur la commune Les Salins de Giraud. Nous dominons d’immenses rectangles dits tables salantes plus ou moins blanches. Cela est dû à la dépose du sel de la mer. Par contre des cyanobactéries colorent en camaïeu de roses des canaux d’alimentation. Même dans ce milieu difficile, il y a de la vie, une flore spécifique se développe. 208 espèces végétales dont 20 protégées prospèrent. Nous pouvons nommer entre autres : le lys de mer, la Saladelle de Girard, le chardon des sables… La faune n’est pas en reste, les spécialistes comptent 200 espèces d’oiseaux dont 157 protégées. Nous citerons : les fameux flamants roses, le tournepierre à collier, le cygne tuberculé… Pas étonnant que la Camargue soit distinguée par l’UNESCO.
Nous continuons notre visite touristique par celle du Parc ornithologique du Pont de Gau. De nombreuses espèces d’oiseaux, dont des centaines de flamants roses, vivent dans leur milieu naturel constitué par des étangs, marais, pelouses, roubines, roselières. Nous observons essentiellement ceux-ci dans leur vie sociale ainsi que dans certaines phases d’envol, d’atterrissages mettant en valeur leurs qualités d’excellents voiliers et la magnificence de leur plumage. Là encore du pur Bonheur.
Retour définitif à notre hôtel. Encore une magnifique journée sportive et culturelle. Repas « marin » dans le même établissement que la veille. Le service est bien rapide pour 16, les assiettes standardisées au gramme près, le rab inexistant même en riz. Je ne sais pas pour vous, mais moi si je devais cuire du riz de Camargue pour 16 personnes il y en aurait bien pour 20. Ça sent la portion Métro réchauffée aux micro-ondes ! Bon mais avec l’apéro offert pour cause d’anniversaire, la chaleur du groupe, le grand’air qui nous a ouvert l’appétit, ça passe. Bravo Muriel pour ce 2ème sans faute.
Jour 3
Déplacement vers Aigues-Mortes, 3ème run en boucle vers les Portes du Vidourle (9 km), repas et visite d’Aigues-Mortes.
Un peu d’histoire : son patronyme s’écrirait Morteau ; en langue d’oïl, il signifie “eaux mortes”. Sous Saint Louis, c’était un port, notre roi y embarqua pour la 1ère croisade (1248). Aigues-Mortes, en langue d’oc, est une ville de traditions camarguaises. Chaque année, la seconde semaine d’octobre, elle célèbre la fin des vendanges ainsi que la fin de la récolte du sel, et comme par hasard nous y étions.
Après un petit déjeuner un peu plus mouvementé que la veille pour cause de départ de l’hôtel et le chargement des voitures effectué, nous roulons vers Aigues-Mortes non sans avoir immortalisé ce séjour par une photo de groupe devant l’emblème de la Camargue.
Mais un contrat est un contrat et nous devons nous y tenir sauf pour les blessés. Deux groupes se forment, un pour la randonnée, l’autre est composé par deux éclopés qui vont pouvoir assister aux festivités, à quelque chose malheur est bon. J’appartiens à ce dernier.
Voilà donc les minutes de notre journée. Ça démarre par un capharnaüm au milieu de nulle part où cohabitent tous les acteurs de la fête. Taureaux tournant dans un enclos car énervés par les gardians à cheval, vieux véhicules et vieilles pétrolettes, anciennes grosses cylindrées transformées façon Mad Max et surchargées de jeunes gens, chevaux attachés un peu partout… Ces acteurs en tenues traditionnelles déjeunent de la cochonnaille cuite sur des barbecues. Pas besoin de saler, la poussière omniprésente suffira.
Enfin arriva dans les rues le premier V. Des gardiens lancés au galop, collés les uns aux autres et en formation de V, canalisent 5 ou 6 taureaux vers le Plan car il n’y a pas d’arènes à Aigues-Mortes. Cela s’appelle l’abrivado, l’inverse, le retour des taureaux de l’arène vers les pâturages : le bandido. Des attrapaîres, jeunes gens gonflés de testostérone font assaut de bravoure en gênant la progression du cortège, d’où le galop. Ils saisissent les chevaux à l’encolure ou même grimpent sur le dos des taureaux. Il peut y avoir des accidents. Regroupement sur le plan et jeu avec les vachettes.
Selon les dires d’une participante, après un départ dans la ville, le second groupe emprunta un large chemin sablonneux au milieu de bois de résineux. Sous une ombre bienveillante, la cohorte arrive rapidement vers le Mas de Quincandon situé au milieu d’un domaine viticole. Peu après regroupement à côté des Portes du Vidourle. Ce petit fleuve côtier est très dangereux lors d’épisodes cévenols. Il provoque avec son énorme débit de graves inondations et de gros dégâts. Les monumentales portes participent à la régulation de son débit.
Le retour se fait, sous un soleil de plomb, par le chemin de halage le long du canal de Sète au Rhône. Nous progressons échelonnés sur une centaine de mètres. Muriel en tête imprime un tempo soutenu. Bientôt nous retrouvons les voitures.
Une fois changés et transformés en touristes lambda, nous nous mettons en quête d’un lieu de restauration, brasserie ou baraques à frites.
À partir de ce moment, nous descendons de notre petit nuage. Au menu, avalé comme nous pouvons assis sur les marches des remparts, hot dog et frites molles. Ensuite nous décidons de prendre le café au cœur de la ville. Horreur !
En lieu et place du calme de la campagne camarguaise, nos oreilles sont sauvagement agressées par du bruit appelé : techno. La jeunesse en redemande, souvenons-nous qu’à notre époque le rock provoquait les mêmes effets répulsifs, le temps passe !
Nous partons rapidement pour gonfler un peu plus les rues noires de monde et bientôt rejoindre les voitures. Arrivée à Colomiers vers les 20 heures.
Un grand merci à l’initiatrice de ce séjour, Muriel, encore une fois pleinement réussi. Sans trop m’avancer, je pense que chacun(e) a ressenti qu’il y avait vraiment quelque chose de l’ordre du plaisir d’être là.
Quel changement de rythme pendant ce weekend ! Nous n’avons pas eu besoin de temps d’adaptation pour nous sentir physiquement et mentalement en vacances. Le soleil, la lumière, la mer y furent pour beaucoup. Pendant 3 jours nous avons profité au maximum de chaque instant. Mais qu’en serait-il sur une plus longue période ? Le «max» serait-il l’ennemi du mieux ? Existe-t-il une prévalence du faire sur l’Être ? Vaste question.