La Boucle des Cuestas

La Boucle des Cuestas

Tout d’abord, en personne, mais aussi au nom du CMC, permettez-moi de vous souhaiter du bonheur à marcher durant cette année au sein de notre association. Cela sous-entend des qualités et vertus que vous possédez déjà : santé, endurance, capacité de partage, aide à autrui, amour de la nature… Vous les entretiendrez au cours de vos nombreuses randonnées. Tout un programme, mais permettez-moi d’insister sur une émotion propre à notre activité : la surprise. En effet, ne dit-on pas que l’instant le plus heureux d’une balade est le départ vers un parcours inconnu. Nos accompagnateurs se cassent la tête, en compulsant force documents pour se renouveler année après année pour nous surprendre dans leurs propositions et nous donner la banane. Merci à eux pour leur dévouement.

Et ce dimanche, en nous proposant une randonnée dans le Lauragais, leur imagination a encore fonctionné à merveille : il s’agit de la boucle des Cuestas* soit une vingtaine de kilomètres (il y a autant de distances proposées que de GPS, faisons une moyenne !) et une centaine de mètres de dénivelé (idem).

ne douzaine de volontaires, le thermomètre peu enclin en cette période hivernale à afficher des températures convenables, refusant de grimper au-delà de 4°, en a découragé plus d’un jusqu’au dernier moment et c’est à dix que nous embarquons pour le village : Les Cassés se situant dans le département de l’Aude, à 7h30 pétantes. Un mot sur la toponymie, le nom de la commune vient de l’occitan casse, « chêne ».

Difficile, arrivés sur la place de la mairie du bourg de s’extraire du cocon chauffé à 25° et de passer à –2°. Vite, nous nous équipons, en conséquence, pour lutter contre le temps froid humide et venteux, mais la bonne humeur ne nous quitte pas et il nous tarde de nous réchauffer en commençant de marcher sur la boucle. Petite prière pour réveiller le Soleil, ça ne fait jamais de mal, en passant devant les ruines de l’ancien monastère Notre Dame des Anges. Nous poursuivons vers l’ancien village.

Le topo nous avait fait rêver, jeudi soir lors de la réunion préparatoire, en nous vantant un magnifique panorama sur les plaines du Lauragais. C’est sur l’éperon du Castel Viehl (279 m) à 700 m du village que nous devions l’apprécier. Hélas, une brume de saison bouchait l’horizon. Elle nimbait les plaines et les bois sur les crêtes et créait un paysage irréel d’un autre monde. Nous aurions pu nous croire au milieu d’immenses plaines de Mongolie tant le paysage semblait désolé, sans fin et sans vie.

Il ne faisait pas chaud, un mauvais vent soufflait. En plus, des écriteaux explicatifs nous relatant le funeste épisode du 20 mai 1211 et nommé depuis par les historiens : le Bûcher des Cassés, nous glaçait le dos. Nous étions sur le lieu où une soixantaine de Parfaits furent brulés par les Croisés.

Nous poursuivons par monts et par vaux en contemplant de magnifiques restaurations de châteaux médiévaux et vieilles fermes cossues, la proximité de Toulouse et de riches habitants expliquent ces habitats. Nous arrivons à Montmaur sur les coups de midi, accueillis par un joli carillon. En nous dirigeant vers le château, imposante bâtisse rectangulaire de 50 m sur 60 m dont la construction débute au Xe siècle, nous cherchons dans le village, un éventuel café qui nous offrirait l’abri pour nous restaurer, on peut toujours rêver ! C’est le lavoir en bon état et sans eau qui nous hébergera le temps de nos agapes.

Pas de répit, pas le temps de faire une sieste une fois le repas englouti, notre errance repart à travers les cultures du pays de Cocagne, anciennement le pastel, maintenant les céréales, n’est-il pas nommé le grenier à blé du Languedoc, d’ailleurs les sommets des collines sont émaillés de tours d’anciens moulins car c’est une région où soufflent souvent des vents violents : le Cers venant du nord-ouest et l’Autan soufflant du sud-est.

Il n’y a pas que les vents qui fréquentent ce couloir entre Atlantique et Méditerranée, de nombreux peuples s’y sont engouffrés et ont laissé beaucoup de traces que l’on découvre tout au long du cheminement et qu’il serait bien trop long de nommer ici, notre but étant de vous inviter à les découvrir, même l’hiver.

Il y a cependant une Dame qu’il ne faut pas oublier, c’est Dame Nature. Que d’ouvrages parus et encore plus à venir pour parler d’Elle. Il y a urgence. Pour l’heure nous ne sentons pas le réchauffement climatique et ses effets, mais demain ? Quelle végétation dans le Lauragais ? … Hélas notre civilisation n’a pas détruit notre environnement par inadvertance. Maintenant nous savons que Dame nature est mortelle. Heureusement, le CMC fait tout pour que son activité soit raisonnable dans ses déplacements et sa pression sur le terrain, pour faire perdurer son essence et sensibiliser tout un chacun à préserver le biotope.

Merci aux randonneurs et à leur persévérance, le groupe est un moteur qui permet de réussir la randonnée. Je n’oublie pas, bien sûr, la science déployée dans la lecture des cartes et autres GPS par notre accompagnatrice. Merci à elle.

Nous n’avons pas trouvé un seul débit de boisson sur notre trajet du retour. Pas de pot de l’amitié, nous nous séparons sur le parking habituel.

* Cuesta est le terme, d’origine espagnole, utilisé en géomorphologie pour désigner une forme de relief dissymétrique constituée d’un côté par un talus à profil concave (le front), en pente raide et, de l’autre, par un plateau doucement incliné en sens inverse (le revers). Les cuestas se trouvent aux bordures des bassins sédimentaires peu déformés.