La Trace du Fromage 2017

La Trace du Fromage 2017

Rien n’y fit. Ni les prières auprès des Saints, ni les implorations à Vishnou, ni la lecture de sourates appropriées auprès d’Allah, ni les supplications des bouddhistes n’ont pu changer le temps prévu par météo-France. Il a fait superbement beau le samedi, le soleil brille ce lundi, mais c’est dans un brouillard épais et tenace que les 15 courageux cémécistes se sont lancés dimanche 12 mars sur les Traces du fromage. Nous aurions dû croire les présages de l’aruspice.*

 Depuis un certain temps, Muriel nous avait vanté puis convaincu de l’intérêt de cette marche (nous lui en savons gré et la remercions chaleureusement). Elle avait d’autant raison que la région possède de multiples trésors. En plus, cerise sur le gâteau, nous logions dans la célèbre Auberge du Combaïre où la cuisine est de tout premier ordre ainsi que le service assuré par l’impayable Thierry.
Trésors gastronomiques au travers de l’excellent fromage de Laguiole, à déguster sans modération, avec de l’AOC d’Estaing, petit vignoble local, à consommer avec modération, et des préparations culinaires faites à base de celui-ci (aligot, truffade, tarte à la tome…). N’oublions pas non plus le bœuf d’Aubrac et son excellente viande, tant pis pour les végans, ils ne savent pas ce qu’ils ratent.
Trésors culturels avec la fabrication des célèbres couteaux, les sites chargés d’Histoire : Conques, Rodez, Bozouls… Trésors offerts par la nature de la région de l’Aubrac qui va devenir parc naturel mais ceux-ci restèrent bien cachés enveloppés par l’épais brouillard cité plus haut.
 
Dimanche 12 mars au matin nous nous lancions donc dans une marche de 18 ou 20 km sur deux parcours différents. Ayant parcouru le plus long c’est cette expérience que je vous relate.
Départ vers les 8h45 après remise des dossards et rappel des consignes de sécurité. Vu l’épaisse nébulosité, les organisateurs avaient doublé les balises indiquant le tracé et non le chemin, car la particularité de ces randonnées c’est de se faire à travers les pâtures et judicieusement à cette époque de l’année car un, l’herbe n’a pas encore repoussée et deux, nous ne risquions pas de nous retrouver nez à nez face à un taureau de race Aubrac aussi imposant qu’un bison mâle et peut-être aussi jaloux de ses vaches que ce dernier de ses bisonnes.
Il s’agissait en fait de parcourir tout au plus 3 km d’affilés car nous faisions étapes dans des burons, fermes d’alpage où se fabriquait auparavant le fromage.
 
Là, nous étions chaleureusement accueillis par des fermiers. Nous avons eu droit successivement au vin chaud, au lait cru, à de la fouace, bien sûr au fromage Grand Aubrac (le meilleur), à la gentiane, au Kir et pour contrebalancer ces alcools, au thé d’Aubrac (décoction à base de sarriette à grandes fleurs). Nous avons étés gâtés, l’ambiance était à chaque fois réchauffée par un bon feu dans la cheminée et même par des airs d’accordéon jouant des bourrées, que demander de plus… du soleil !
Aux alentours de midi, repas collectif sous chapiteau. Malgré un service efficace, il fallait faire la queue avant de servir les 2 400 convives. Les organisateurs avaient prévu de nous faire patienter en déambulant au milieu d’une étable reconstituée. Nous avons pu admirer de superbes vaches de race Simmental reconnaissables par leur pelage de couleur froment, des cornes en forme de lyre et des yeux maquillés au khôl. Braves bêtes qui se laissaient photographier avec les randonneurs.
Menu à base de fromage : aligot fabriqué en grande quantité sur place par des professionnels qui faisaient le show en étirant leur préparation à 1,5 m au-dessus des chaudrons, laguiole sélection, tarte à la tome, éventuellement une brochette de bœuf…
 
Pour les plus courageux, retour à pied sur un autre tracé ; pour les fainéants ou les randonneurs à la petite semaine, une navette était à disposition. Nous, bien entraînés tout au long de l’année par Muriel, Philippe et Yvon, avons bien sûr choisi la marche. Un grand merci pour eux, grâce aux efforts endurés, à leurs enseignements, nous avons pu correctement terminer cette épreuve et être fiers de nous.
 
Ce type de week-end est un bienfait général. En effet, nous cochons toutes les cases. Nous entendons à longueur d’antenne qu’il faut faire de l’exercice physique pour rester en bonne santé. Et d’une. D’autre part, il ne faut pas négliger le lien social. Et de deux. Il faut aussi se nourrir correctement, en particulier mettre de la couleur dans l’assiette. Bon là on va dire deux et demi car nous étions plus dans la fenêtre thérapeutique que dans l’observance pure et dure des prescriptions. Si le Bon Dieu n’a pas entendu nos prières du début, espérons qu’il nous pardonnera cet écart alimentaire.
 
Retour individuel et rassemblement collectif dans un bistrot à Espalion. Excellent accueil par rapport au dernier établissement fréquenté à Ax-les-Thermes. Autre pays d’origine, autre rapport aux clients, nous avons étés correctement considérés par le gérant extrême-oriental. L’adjectif « extrême » change beaucoup de chose. Ceux qui ont participé aux deux balades comprendront.
 
Pot de l’amitié dans une petite salle cosy rien que pour nous où l’on pouvait sentir, même si ce week-end n’a duré que deux jours de vie commune, comme un rapport fusionnel d’intimité. Les efforts prodigués en commun, oserais-je (Rachel saute ce passage) la victoire de l’Équipe de France face à l’Italie entre autres, ont participé au bien-être ressenti. Mais évitons tout éthylisme sentimental ,continuons à cultiver la bienveillance en renouvelant ce type d’animation. Encore une fois un grand merci à Muriel et vivement le déplacement en Camargue ; merci aussi aux participants. Ils font vivre le CMC.
 
* Un haruspice, ou aruspice, est un pratiquant de l’haruspicine, un devin étrusque qui examinait les entrailles d’un animal sacrifié pour en tirer des présages quant à l’avenir ou à une décision à prendre.