Saint-Amans-Soult, le Chemin des Gentilshommes Verriers

Saint-Amans-Soult, le Chemin des Gentilshommes Verriers

Comme Henri Salvador, pour se donner la patate tôt le matin, l’on peut fredonner un petit air du regretté Count Basie (*). Notez, qu’après avoir consulté une énième fois la météo, Singin’ in the Rain (Chantons sous la pluie) conviendrait mieux. En effet, je pense que pendant la journée nous conjuguerons le verbe pleuvoir à tous les temps. Pour le moment, au départ sur le parking à Colomiers à 7 heures, nous sommes douze à attendre dans le froid, l’humidité mais il ne pleut pas. 

Sur le parcours nous menant à Saint-Amans-Soult nous essuierons quelques grains certainement dus à des fausses notes mêlées à « l’agréable » babillement de mes trois passagères ou et c’est bien connu : quand les passagers n’arrêtent pas de pépier/signe de pluie. (**)

Un mot de géographie et d’histoire du lieu qui nous reçoit. Située au sud du département du Tarn, au cœur de Parc Naturel Régional du Haut Languedoc, la commune de Saint-Amans-Soult (1577 habitants) est dénommée ainsi depuis 1851 en hommage au célèbre maréchal général Soult, originaire des lieux. 

Les cloches de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption sonnent 9 heures à notre départ du parking à l’espace gare. A noter une reconstitution d’un four à verre dans le prolongement de la place.

Aujourd’hui c’est Muriel, notre dynamique présidente, qui mènera la joyeuse troupe sur la boucle de 18 kilomètres pour 735 mètres de dénivelé ; un bon niveau I + adepte des ½ sommets. Philippe fermera la marche et servira de fil d’Ariane. Il aura à confirmer et réorienter notre progression plusieurs fois malgré un excellent marquage fait de balises jaunes. Vosgien de naissance, je me permets de rappeler que ce système de traçage des chemins a été créé en 1872 par le club vosgien de marche. 

Dès le départ, nous comprenons que notre guide, fidèle adepte de la marche nordique, ne va pas amuser le terrain. Confortée par deux ou trois marcheuses du même calibre, les kilomètres vont défiler à vive allure, ça sent la marche forcée. C’est sur de larges pistes forestières des plus confortables, grâce au revêtement et surtout à une pente régulière et douce, que nous nous élevons avec rapidité vers le point culminant de notre boucle : 912 mètres. Un embranchement en direction de la cascade de Crussinac est signalé, ce pourrait être un objectif pour la catégorie des marcheurs, elle culmine à 644 mètres et se révèle digne d’intérêt d’après les topos.

Après quelques temps et avec ce rythme, notre groupe progresse en colonne assez étirée et il faut par moment pratiquer un « stop and go » pour se compter. L’une en profite pour trouver quelques champignons mais l’on sent une frustration chez elle, l’endroit semble propice, la météo aussi mais le temps manque. La cueillette sera assez maigre, elle y ajoutera quelques châtaignes très abondantes en cette période.

Nous portons tous notre matériel nécessaire dans un sac à dos plus ou moins volumineux. Voici une comptine d’Anne Sylvestre dédiée à Aline qui se débrouille pour avoir cet accessoire particulièrement petit, c’est un mystère, comment fait-elle ?

Malgré, une brume persistante qui n’en finit pas de tomber, l’heure du repas qui approche et les estomacs qui crient famine, le moral est au beau fixe puisque la montée est terminée, la progression se fait sur une petite route en faux plat en direction des ruines du four à verre de Peyremoutou, lieu de notre pique-nique.

Peut être en me lisant vous trouverez, en paraphrasant Georges Brassens dans sa chanson : La mauvaise réputation, que je suis assez négatif dans ces lignes, il n’en est rien, j’aime me promener en groupe mais à ma vitesse, l’âge arrive !

Au CMC, sans prétention

J’ai mauvaise réputation.

Je ne fais pourtant de tort à personne 

En suivant mon chemin de petit bonhomme.

Mais les braves g.o.(***) n’aiment pas que 

L’on marche moins vite qu’eux.

Non les braves g.o. n’aiment pas que 

L’on chemine autrement qu’eux.

 

Muriel nous déniche, sous les arbres qui pleurent un endroit pour déjeuner. Impossible de rentrer à l’abri dans les ruines du four à verre, un méchant grillage l’entoure. Nous avalons ce que nous pouvons, rapidement, le refroidissement nous guette et ce n’est pas bon pour les muscles. Pas de sieste bien sûr, le groupe redémarre au plus vite. Amis organisateurs, qui lirez ces lignes, sachez qu’un kilomètre plus avant il existe un superbe refuge équipé d’une cheminée avec du bois à profusion et que vous pourrez confortablement y déjeuner même avec un groupe conséquent. Sans commentaires.

Encore un peu de plat et en face d’une stèle dédiée à sainte Philomène, un chemin discret descend rapidement vers notre point de départ. Un dernier conseil pour d’éventuel amateur de cette belle randonnée : l’emprunter impérativement dans le sens horaire car ce sentier est rude et glissant à cette époque, les châtaigniers perdent leurs feuilles en abondance, le monter serait vraiment pénible.

Au bout d’une heure apparait la Croix de la Roque élevée en 1857. C’est un calvaire panoramique élevé à 645 m d’altitude. Le point de vue est imprenable sur Saint-Amans-Soult et la vallée du Thoré, tout est redevenu vert, pour une fois remercions la pluie. Une petite heure de descente plus tard sur le chemin de Triby et la boucle est terminée, il est 16 heures.

Un grand merci a nos animateurs et en particulier Muriel, aux hommes qui ont façonnés de si beaux paysages, à nos deux pieds quelquefois malmenés, nos deux épaules qui supportent nos sacs, même minuscules et bien sûr à notre cœur qui nous fait aimer ce vaste monde aidé par la convivialité du groupe. Ce n’est pas fini car Muriel, Christine, Yolande et Valérie nous offrent d’excellents gâteaux maisons que nous dégusteront dans un café mazamétain. Voilà comment ça se passe au sein du CMC, si cela vous tente, poussez la porte… A bientôt.

(*) Pianiste de jazz (1904-1984) 
 
(**) Une interprétation libre de ce proverbe provençal : « Quand H passeroun s’arrèston pas de piéuta/Marco de plueio ».Traduit par : Quand les passereaux n’arrêtent pas de pépier/Signe de pluie. 
 

(***) g.o. = gentille organisatrice.