Saucisses et compagnie…

Saucisses et compagnie...

Nous, membres du CMC association de marcheurs, sommes habitués à mettre un pied devant l’autre pour s’offrir de belles échappées dans nos montagnes et vaux environnants. Pour une fois, nous allons franchir la ligne droite et faire un pas de côté. Direction la sortie de Colomiers et non pas le fameux parking sur lequel nous nous donnons habituellement rendez-vous, clignotant à droite et nous voilà chez notre Présidente qui nous invite à une saucisses frites party. 

En plus d’aimer les chemins de traverse, les belles forêts, les magnifiques paysages, nous avons horreur du gaspillage. Ça tombe bien car Muriel et Philippe nous ont conviés à terminer les restes de la fête de la Saint-Jean. Une telle invitation ne se refuse pas, si bien que 35 « cémécistes » répondirent présents. Déjà un grand merci pour leur initiative. 

A table ! … Chacun de nous lors de ces agapes participa activement à la lutte contre ce fléau français et même mondial. Savez-vous que rien qu’en France ce sont 10 millions de tonnes d’aliments destinés à la consommation qui va ailleurs que dans nos estomacs et pas moins de 1,3 milliard de tonnes de nourriture jeté ou perdu chaque année sur l’ensemble du globe ! Ces pertes représentent un coût de 16 milliards d’euros pour l’hexagone et un impact climat de 15,3 millions de tonnes de CO2. 

Trop c’est trop alors à nos fourchettes et en avant, sus aux kilos de saucisses et autres merguez accompagnées par des frites. Pour la conservation du monde courage, mangeons, ne chipotons pas face à la chipolata c’est parti pour un « remake » de Marco Ferreri, la Grande Bouffe. Que les souris soient embarrassées de grignoter les miettes, car nous serons nous-mêmes souris, aucun reste à la fin du repas et… 

Nous pourrions faire nôtre ce haïku comme devise du jour : 

Quand je mange, je mange 
Quand je marche, je marche 
Le reste n’est que littérature.
 

Alors, oublions les éventuels désagréments, augmentation de poids, du taux de cholestérols, diabète, urée, ballonnements… c’est notre fenêtre thérapeutique notre moment de convivialité qui vaut bien quelques sacrifices. Désolé pour les végétariens, véganes, allergiques de tout poil et autres inappétants face au cochon. Il faudra, une prochaine fois, penser à eux et proposer une tofu party, en même temps, pour que le repas participe de la sociabilité alimentaire, de partage avec tous les membres du CMC.

Le soleil et la chaleur s’étaient aussi invités. Il fallut lutter contre une éventuelle déshydratation en buvant force verres de boissons colorées. En plus des traditionnels rosés, rouges, il y en avait même avec des morceaux de fruits dedans, certainement pour se conformer aux multiples injonctions entendues de-ci de-là et qui consistent à consommer 5 fruits ou légumes quotidiennement. Mais quelle idée de gâcher d’aussi bons liquides avec des agrumes ! Enfin, grâce à l’application de tout un chacun personne n’est mort de soif même nos braves cuisiniers qui en plus rôtissaient autant que la viande auprès de leur barbecue. Ils étaient aussi rouges que leur tablier et sur leur nez on pouvait deviner un début d’ampoule dû aux frottements des nombreux verres que leurs tâches et ces conditions dantesques leur obligeaient d’ingurgiter. Un grand merci pour nos Maître queux si talentueux et rempli d’abnégation.

La salle à manger de plein air, joliment ordonnancée, meublée par nos tables recouvertes de nappes multicolores et nos chaises dépareillées était fort avenante et chacun des participants en arrivant pouvait s’exclamer : oh ! la belle ordonnance on ne pouvait pas mieux disposer les lieux. Merci aux nombreuses petites mains qui y participèrent. 

Philippe, en Maître d’hôtel expérimenté se faufilait adroitement au milieu des convives et offrait les premiers morceaux de saucisses lors de la phase apéritive. Pas question de refuser par politesse, la retenue n’était pas de mise, sans être goulu, le dernier morceau au fond du plat disparaissait aussi. Pas de restes vous dis-je, le message était bien passé, comme sur les chemins, nous avons l’habitude d’obéir aux ordres ! A la guerre comme à la guerre, les bouches s’ouvraient et se fermaient sans cesse, avalaient, mastiquaient. Mais cela n’empêchait pas la conversation qui allait bon train entre convives et entre les tables. Un doux murmure s’était installé, une agréable odeur de fête emplissait la cour. Le plaisir de se retrouver et de construire le futur.

Arrivèrent les premières frites rissolées avec amour par Florence. Elles étaient parfaites et nous en abusions car il y avait sept gros paquets à terminer. A force d’ingurgiter pomme de terre et cochon, ils se rencontrent dans mon estomac sur une mer de mayonnaise et se livrent un combat acharné. Il me semble que j’ai un navire dans l’intérieur et que ça tangue sévèrement. Le lendemain certains avaient encore des rats dans la musette. Peut-être que les multiples et excellentes pâtisseries cuisinées par nos amies du club adouciraient ces excès de protéines et féculents. Un grand merci aussi pour leurs friandises. 

Nous terminons, à une heure avancée de l’après-midi, un rien avachi par la chaleur du soleil et l’abondante nourriture. Un café nous redonna un coup de fouet salutaire pour reprendre possession de nos forces, des frontières spatiales et temporelles. Je proposais aussi une petite marche dans les environs pour nous aider à digérer. Une douzaine de personnes y participèrent dans la bonne humeur.

Cet après-midi, nous avons à peu près tout bon. La cuisine de matières premières et le plaisir de partager un repas nous changent le rapport que nous avons avec la nourriture. Nous y attachons plus de valeur et apprenons à moins la gaspiller car, même si aujourd’hui nous avons un peu exagéré, manger ne se réduit pas à ingérer des calories, c’est aussi un moyen de rentrer en relation avec les autres. 

Un grand et sincère merci à tous : initiateurs, organisateurs, cuisiniers et aussi à tous les participants pour leurs bonnes humeurs et la convivialité dégagée.