Cirque de La Glère – Col de Sacroux

Cirque de La Glère – Col de Sacroux

Le Chemin de l’Impératrice, quel beau nom pour attirer les marcheurs et les marcheuses en montagne ! Non ?

Sur cette proposition impériale, 5 randonneurs et 4 randonneuses (a priori tous roturiers) se sont retrouvés à l’Hospice de France au-dessus de Luchon à 8h30 après un covoiturage en calèches Renault et Citroën de 2 heures depuis Colomiers.

Départ frisquet (8 petits degrés environ) sous un plafond élevé de nuages masquant les sommets de plus de 2000 mètres environ, mais quel plaisir d’enfiler la polaire après une semaine de canicule !

Comme partout dans le Luchonnais l’eau coule et tintinnabule de partout surtout après les averses orageuses de la veille, mais le sol a déjà tout bu et le terrain est sec sauf l’herbe gorgée de rosée qui détrempera bien vite nos souliers….

Le fameux chemin tracé pour l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III) est rigoureusement plat et ombragé jusqu’au cirque de la Glère situé presque à la même altitude (100 mètres de dénivelé seulement) quelques kilomètres plus loin. Il est construit sur de hauts murs terrassés en pierres sèches au-dessus de vertigineux à-pics en suivant la courbe de niveau 1500. Large et parfois pierreux il serpente en forêt au travers des fûts de hautes tiges très impressionnants.

Le groupe, d’abord bavard et joyeux de se retrouver, prend rapidement son rythme de croisière : assez soutenu sous l’effet de l’entraînement dû à la saison de rando déjà bien avancée. Nous sommes seuls sur le chemin pour deux raisons : les touristes estivants de la station thermale profitent probablement de la grasse matinée… et les randonneurs aguerris ont presque tous pris la direction du port de Venasque, destination la plus courue du Luchonnais. Tant mieux pour nous qui pouvons profiter seuls et pleinement du paysage spectaculaire du cirque de la Glère, sa forêt, ses cascades et des sommets qui commencent à se dégager.

Après une pause bien rafraichissante au pied des cascades, il faut maintenant passer aux choses sérieuses : 500 mètres de dénivelé nous attendent pour atteindre le col de Sacroux par un sentier de lacets serrés dans une pente herbeuse très raide. Le balisage de points jaunes est bien souvent masqué par le gispet, les buissons de myrtilles ou de rhododendrons.

A mi-chemin du col sur un promontoire, nous remarquons qu’au beau milieu de la forêt bordant le cirque de la Glère une cabane pourtant proche du chemin de l’Impératrice est cachée de la vue des passants, non signalée (l’existence de la cabane est confirmée par la carte IGN), totalement invisible si ce n’est d’un point haut. C’est avec une petite idée derrière la tête que nous poursuivons notre chemin. Le groupe reste très homogène, solidaire, il progresse régulièrement toujours dans la bonne humeur.

Peu avant d’arriver au col, un de nos randonneurs à l’œil acéré nous indique un groupe d’isards qui nous observaient depuis la crête. Le troupeau est lui-même survolé par des vautours. Lors d’un saut un peu vif, un des isards déplace une grosse pierre qui roule brutalement jusqu’à nous. Le danger vient parfois d’où l’on s’y attend le moins !

Arrivés au col à midi pile, nous décidons de déjeuner à l’abri du vent sous une barre rocheuse devant un panorama magique : vallée du Lys, vallée de la Pique et monts d’Espagne. Nous apercevons aussi la station de Superbagnères dans notre dos. La nature a décidé de nous gâter ce matin, le ciel est dégagé, et nous nous attablons au mieux d’un parterre d’iris d’un bleu intense.

A treize heures il est temps de redescendre, heureux et repus. Sous l’impulsion de notre photographe attitrée, nous improvisons une scénographie à base de bras et de jambes dignes d’un ballet aérien… toujours la bonne humeur et la rigolade !

Plutôt que de redescendre au cirque de la Glère par le même itinéraire nous bifurquons par un sentier repéré bien sûr à l’aller et qui contourne le cirque en s’approchant un peu plus de la forêt et… vous l’avez deviné de la cabane secrète. Avant d’y arriver, nous sommes surpris par une dizaine de gros cubes blancs disséminés dans l’estive : des blocs de sel pour les animaux.

Nous prospectons dans la forêt à la recherche de la cabane que nous finissons par trouver et adopter : plantée au mieux de la clairière comme la petite maison dans la prairie l’endroit est charmant et comme il est tôt, qu’il fait beau que les cascades et le torrent jouent une douce mélodie en bruit de fond, nous nous accordons une petite demi-heure de sieste, adossés aux rochers ou allongés dans l’herbe en prenant bien garde aux tiques… La cabane est propre, équipée de bat-flancs confortables, d’une cheminée et sa réserve de bois (seul manque un point d’eau proche) nous la quittons presque à regret.

Sur le chemin du retour, nous croisons davantage de monde en fin de journée car la balade est facile depuis l’Hospice jusqu’à au cirque où les promeneurs sont venus pique-niquer en famille.

Arrivés vers 17h à l’Hospice de France, il est bien sûr très tentant d’y prendre le pot de l’amitié et d’admirer au passage de belles photos esposées en extérieur sur le thème de la Retirada, l’endroit en a été un haut-lieu pendant la guerre d’Espagne.

Chacun fait part aux autres de sa satisfaction d’avoir passé une aussi belle journée en si bonne compagnie ce que confirme l’animateur qui s’est régalé d’avoir accompagné un groupe si agréable et motivé.

Nous ne retiendrons probablement ni le dénivelé ni la distance ni les courbatures du lendemain mais plutôt la joie d’avoir cheminé ensemble dans un site remarquable.