Des portes de la Grésigne aux Causses de Penne

Des portes de la Grésigne aux Causses de Penne

A cause d’épisodes méditerranéens ou cévenols, la côte languedocienne se révèle impraticable cet automne. Encore une fois notre sortie prévue dans le massif de la Clape est ajournée et c’est vers la région de Penne que Philippe, en plongeant dans ses souvenirs, nous propose un circuit, au sol empierré donc sans trop de boue, à parcourir. Il s’agit d’une boucle balisée longue de 17,5 km qui nous amènera du village médiéval de Penne situé le long des bords de l’Aveyron aux causses de Penne en passant par la forêt domaniale de la Grésigne et Le Rocher des Suquets qui nous offrira une vue magnifique sur la vallée de l’Aveyron. C’est une sortie dite de niveau 1 car le dénivelé se situe aux environs de 690 mètres et nous verrons que même avec d’excellents cheminements certaines pentes sont sévères car soutenues.

Sept volontaires, 4 dames et 3 messieurs, s’inscrivent. Christine aura la lourde charge de nous mener à bon port. Le départ est prévu à 7h30 précises sur le parking habituel. Tout le monde est là. 

* Lecteur non encore adhérent au CMC, vous pouvez sauter ce passage qui se réfère à l’AG du 29 novembre et nous rejoindre au prochain alinéa. 

Pour les autres, après l’Assemblée Générale (AG) encore dans ma tête, il me semble voir une silhouette aussi en attente du départ de la rando. Cette apparition risque de revenir souvent dans l’année à venir. Alain nous manquera durant son année sabbatique. Nous l’attendrons, le souhaiterons. Il a reçu un bel hommage lors de l’AG, des brassées de louanges qui je suis sûr ne lui tourneront pas la tête, Je sais qu’il nous reviendra l’envie recouvrée. Il nous manquera dans ses choix de balades toujours inventifs et judicieux, il connait si bien la montagne, dans l’animation et la présentation inimitables des sorties. Il mariait parfaitement l’humour et le professionnalisme en particulier en se renseignant auprès du PGHM, un vrai délice qui durait car quiconque à sa place aurait expédié l’affaire en un quart d’heure. Qui se rappelle aussi les cartes tracées à main levée sur le tableau ? De vrais chefs-d’œuvre.

Mais ce n’est pas là qu’Alain manquera le plus. Certainement tombé jeune dans un tonneau d’énergie, il a su nous insuffler son enthousiasme et son Amour de la montagne. Il a su aussi nous apprendre à nous émerveiller devant les magnifiques paysages qu’elle nous offre en toutes saisons. C’est capital et en ceci nous pouvons lui décerner le titre de Passeur. Si l’on sait, comme lui, regarder et s’émerveiller devant tant de beauté alors nous saurons aussi les préserver pour les générations futures. Le regard conditionne l’action, l’émotion guide l’analyse, l’émerveillement précède la réflexion. Alain, dans ses balades au sein de la beauté pyrénéenne, parmi les choses qui font battre le cœur, nous invite à penser le monde autrement, en particulier ne pas détruire ce qu’il faut impérativement conserver. Suivons-le dans ses passages, ses enseignements. Merci tout simplement Alain, à bientôt, tu as encore beaucoup de leçons à donner, en particulier sur la topographie des lieux. Tu connais si bien le nom des sommets. 

* Mais il est temps de reprendre le cours de la narration de la rando. En quittant la vallée de l’Aveyron, la route monte pour arriver au village historique de Penne. Innocemment, je pensais commencer à marcher sur des chemins horizontaux, voire descendants. Pas du tout, nous gravissons une bonne rampe, un morceau du GR de pays Castelnau de Montmirail/Cordes. Nous sommes rapidement en condition ce qui nous évite de ressentir la fraicheur matinale et grâce à l’homogénéité du groupe c’est promptement que nous franchissons l’entrée nord de la forêt domaniale de la Grésigne. Les parcours en forêt ne sont jamais très exaltants sauf en automne car les camaïeux des feuilles passant du jaune au pourpre égaient le paysage et il y a toujours l’excitation de trouver des cèpes.

Vers 11h30, nous pénétrons dans le hameau de Roussergue sauvagement accueillis par les aboiements d’un Patou qui nous a suivis le long du grillage où stationnaient des brebis. J’espérais que la clôture serait en bon état vu l’humeur du canidé. De l’église, nous avons une bonne vue sur la suite de la rando. Christine nous désigne de belles falaises éclairées par le soleil et nous indique que ce sera notre restaurant pour midi. Midi, pas l’heure mais le déjeuner de midi soit environ au mieux 12h45. Petit encas car nous devrons dépenser pas mal de calories pour gravir les 125 m de dénivelé et atteindre les Suquets de Penne qui culminent à 295 m. Ça fait du bien aussi au moral car si l’on croit au paradoxe de Tocqueville, plus on se rapproche de l’objectif, plus la distance parait insupportable !

Nous déjeunons de bon appétit, il était temps de refaire le plein, tout en admirant les paysages de campagnes et forêts se partageant les vallées encadrées par de superbes falaises de calcaire terrain de jeux des alpinistes. 

Ce n’était que sagesse que d’atteindre le point culminant l’estomac vide. Il ne nous resterait que de la descente et un petit raidillon pour regagner le village de Penne après avoir longé les berges de l’Aveyron.

Cerise sur la fin, le village possède un café ouvert. Nous ne prendrons pas de voitures pour boire le pot de l’amitié et partager gâteaux et autres friandises (moins de voitures, plus de verdure).

Merci aussi au petit groupe de sept personnes, dont trois nouveaux adhérents. Ils ont été un élément moteur qui a fait que cette boucle, bien encadrée par Christine, nous a semblé courte. La narration se referme avec une dernière pensée pour Alain qui en plus de nous avoir appris à regarder, nous a transmis la nécessité de « bouger » car les marches proposées par le CMC (rando ou marche nordique) sont un élixir de longévité et l’addiction au fauteuil, un tueur en série. Alors à bientôt sur les chemins !