Circuit des Trois Vallées – Albas

Circuit des Trois Vallées – Albas

Neige… tu es déjà là… encore une fois, tu nous as coupé la route du LAC DE MAUCAPERA… mais tu ne nous as pas empêchés de sortir. Au CMC, on a de la ressource. Jeudi, nos animateurs ont bûché pour nous trouver « un trou » dans la couche de nuages chargés d’ondées… Le LOT nous a ouvert ses sentiers. Direction ALBAS pour une rando de 14 km (qui deviendront vite 15,7 km)…

7h30 : 10 avertis (froid prévu, météo capricieuse, bonnet, gants… enfin tous les avertissements d’avant saison sont là) à la parité exemplaire (5 dames pour 5 messieurs). 

9h30 : arrêt sur la place du village aux belles demeures en pierre du Lot. Bien emmitouflés, nous descendons rejoindre l’ancien chemin de halage qui borde la rivière. Le soleil, encore bas, n’a pas dissipé la brume qui navigue sur les flots aux nombreux remous… Les feuilles commencent à peine à se parer des couleurs de feu et de « vin » de l’automne. Après un hameau aux jolies maisons, nous suivons un étroit sentier qui se transforme en un large chemin qui « grimpe à l’assaut » de la falaise. Bordé de bois profonds aux arbres entièrement couverts de mousse, nous atteignons le site des CASCADES DES PAYROLS… Cascade, quel « beau » mot pour décrire un petit filet d’eau glaciale qui dévale la pente pour aller se perdre sous les cailloux du lit du torrent des PAYROLS. Le hameau du SOULEILLAT, en haut de cette première côte, nous oblige à une pause. Des maisons superbement restaurées bordent les chemins et la seule route qui y mène. La vue sur les vallées environnantes laisse deviner une forêt profonde et propice au ramassage de champignons. 

Nous redescendons et découvrons une vielle maison avec son four sur le flanc… Dommage, dans un état pitoyable, il semble dangereux de la visiter…. Cette partie du LOT est très boisée… et surtout trèèèès vallonnée, ce qui nous contraint à une seconde montée. Moins longue mais pas moins pentue, on décide de « se poser » pour déjeuner. Les premiers découvrent un flanc orienté au sud (la température a fini d’être estivale) où de nombreux cailloux pourront servir de sièges. Ici aussi la vue est belle. Une clairière verdoyante se niche au creux d’un immense bois touffu. En observant de plus près, nous découvrons visuellement ce que sera notre « digestif »… Un chemin « monte »… et après le repas, cela risque d’être dur pour certains. La fraîcheur s’installant, nous décidons de repartir en direction de CENAC, autre petit hameau aux superbes demeures. Ici aussi, pause. Certains sont attirés par l’église, d’autres par les bancs exposés au soleil… Dieu !! Qu’il est bon de se réchauffer…

Nous repartons pour notre « dernière étape » qui comporte une montée (encore une !! cela ne finira donc jamais !!!) Nous louvoyons au milieu des bois de châtaigniers, autre trésor de cette région. Les arbres commencent à peine à de parer d’or. Cette montée nous mène à une croix (point haut de notre balade). De là, le regard embrasse un panorama sans limites… seuls quelques nuages lointains aux ondées bien visibles bouchent un peu l’horizon. Nous entamons la dernière descente vers ALBAS, sans omettre de nous arrêter au point de vue qui domine le méandre que fait le LOT au pied de la falaise d’ALBAS que nous regagnons à 15h50 après 15,8 km pour 510 m de dénivelé…

Ce n’était pas le MAUCAPERA, mais le plaisir a été à nos côtés. Ciel bleu, pas de pluie, sentiers sans boue, paysages variés ont tout fait pour rendre cette rando un excellent souvenir que nous avons partagé autour du pot de l’amitié à CAHORS à la BRASSERIE DE LA PRÉFECTURE où nous n’avons pas retrouvé la superbe carte des CHOCOLATS CHAUDS que nous y avions découverts il y a de cela quelques années (« tremblements de vieux dans la voix !!!) Retour sur COLOMIERS à 18h15 sous la pluie…


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Certain-e-s, et ils sont de plus en plus nombreux au sein du CMC, se rappelleront le temps où ils usaient leurs fonds de culotte sur les bancs de la maternelle et des punitions que maîtres et maîtresses pouvaient infliger. A l’époque c’était toléré et monnaie courante. L’on se faisait tirer les favoris, l’oreille, taper sur les doigts avec une règle ou encore le fameux piquet dans le coin de la classe. Mais il y avait aussi les lignes ou les temps à conjuguer. Tous ces prolégomènes pour dire qu’il nous serait fort instructif de conjuguer à la première personne de tous les temps de l’indicatif et du subjonctif la phrase suivante : NE DÉSIRER PAS PLUS QUE CE QUE L’ON ÉPROUVE en randonnée. Même si aucune incartade n’est commise, ce précepte ancré dans notre cerveau serait gage de quiétude et de félicité. 

 Il y a du stoïcisme dans cette démarche qui a pour objectif la recherche du bonheur au sein d’un groupe qui marche, par monts et par vaux, pendant une journée. Bien sûr, il y a des « choses qui dépendent de nous et d’autres non (le froid, la pluie, le vent, l’organisateur qui se trompe de cheminements, si, si ça arrive… rarement) mais si l’on se contente de ne pas désirer plus que ce que l’on éprouve chemin faisant, le plaisir sera au rendez-vous car tout le reste dépend de nous. Alors, à l’heure du départ au lieu habituel, avec le matériel idoine et la tête remplie par cette maxime, dix cémécistes embarquent pour effectuer une boucle autour du joli village d’Albas. Une heure et demie plus tard, nous étions rendus sur zone non loin de Cahors pour vous situer le lieu.

C’est sous un beau ciel bleu prometteur et par une rue descendante que nous entamons le circuit, balisé en jaune, pour déboucher sur une esplanade en bordure du lot, certainement l’emplacement de l’ancien port. Je ne sais pourquoi cette chaussée a été baptisée Rue du FOND du PAL mais les images provoquées par cette dénomination sont terrifiantes. Le pal (ou l’empalement) était un supplice horrible surtout planté dans le fond, comme le précise la dénomination de cette voie. L’on peut aussi lire d’autres abominations pratiquées, pour supprimer des témoins, dans ce village quand on cherche sur le Net.

Mais le moral de la troupe est au beau fixe au départ du chemin de halage, même pas un picotement sous le sac à dos ! Restons bucoliques et n’approfondissons pas, c’était hier et ces mœurs ont disparu, enfin presque… Je ne sais si les photos rendront aussi bien la réalité des berges du Lot baignées par la lumière automnale, mais je rêve d’être un artiste peintre capable d’immortaliser ce magnifique sujet. Un genre de Claude Monet, excusez du peu…

Nous progressons gentiment en grappillant de-ci de-là quelques fruits oubliés en particulier des noix. Les noyers, plantés en verger apprécient particulièrement les noues riches en azote et en eau. Nous restons en fond de vallée quelque temps encore et traversons une forêt primaire composée d’arbres complètement recouverts de mousse. Le milieu est toujours très humide avec peu de soleil. Le lieu est lugubre en journée, je n’aimerais pas le traverser de nuit avec une frontale, j’imaginerais voir des fantômes m’observant derrière les frondaisons et me voulant du mal ; angoisse garantie.

Progressivement nous rejoignons par des chemins caillouteux des terrasses sur lesquelles sont plantées des vignes, essentiellement des cépages de malbec. Ici, c’est leur domaine par excellence. Les vins de Cahors ont bonne réputation y compris à l’international. Les vignerons, grâce à leur travail, ont acquis les labels AOC pour leur production. Les feuilles de vigne colorées par les molécules xanthophylles forment un nuancier du jaune au pourpre du plus bel effet. Il me semble que c’est à cette période de l’année qu’elle est la plus belle. Nos artistes photographes immortalisent l’instant. Jugez par vous-même, l’image est plus parlante que le texte.

Le groupe parfaitement paritaire et homogène, guidé de main de maître par Luc devant et Philippe en serre-file, progresse rapidement. A midi nous avons parcouru plus de la moitié des 14 kilomètres de la boucle. Cependant, il nous est impossible de nous restaurer dans ce fond du vallon où coule l’Albenquats, on ne peut s’assoir dans l’herbe humide. Juste avant le hameau de Cénac nous avisons un petit escarpement exposé sud qui servira de salle à manger. Il était temps, les estomacs criaient famine. 

Cette randonnée est parfaite en tous points et d’aucuns de dire : même pas un insecte urticant ou piquant venu asticoter nos peaux sensibles. Mais c’est une catastrophe en soi, diront d’autres, plus verts. Ils ont raison car la disparition accélérée, depuis quelques décennies, de toutes sortes d’insectes est largement aussi inquiétante — et plus problématique — que celle des grands mammifères. Il est rare de voir des éléphants polliniser des marguerites ! Rien vu d’autres que des champignons de toutes les couleurs.

Pas d’âmes qui vivent dans ces hameaux, les campagnards sont aussi en voies de disparitions, alors nous leur rendons visite au cimetière. Il est magnifique en cette période de Toussaint. Toutes les tombes sont fleuries, s’il devait y avoir un concours, j’attribuerais volontiers 3 chrysanthèmes.

Juste le temps de se refaire une santé après le repas et nous voilà au pied de la difficulté du jour : les 120 m de dénivelé nous menant à la Croix Girard qui domine la mer rouge des vignes du haut de ses 276 m. La difficulté n’est que promenade de santé pour certains de nos ami-e-s et en particulier pour notre Présidente qui, à force d’entrainement en marche nordique, a réalisé des progrès considérables. Bravo, bel exemple à suivre.

Maintenant, la récompense pour tous devant la table d’orientation. Déjà, il ne reste plus qu’à descendre vers Albas et ensuite nous surplombons la magnifique vallée du Lot. Nous nous émerveillons des paysages travaillés de mains d’hommes depuis des générations. Il existe un café dans ce bourg qui vit bien. L’habitat, entretenu, est cossu, pas de maison à vendre. Le commerce du vin l’a enrichi. Le Lot, domestiqué de longue date par des chaussées qui l’ont rendu navigable, en a permis l’exportation. Hélas ! le bistro n’ouvre qu’à 5 heures et 4 sons de cloches retentissent au clocher. Ce sera Cahors pour le pot de l’amitié.

Je remercie nos accompagnateurs, les participant-es, une mention spéciale pour Muriel et son excellent gâteau, qui ont su, au cours de cette randonnée, créer un tissu social bienveillant et sans compétition. Nous sommes tous des partenaires. Partis à dix, nous revenons à dix en ayant parcouru le même cheminement dans la joie et la bonne humeur car aucun n’a désiré plus qu’il n’a éprouvé. CQFD !