Lou Camin dels Castanhals

Lou Camin dels Castanhals

Dimanche matin… 6h30… nous sommes 6… 3 femmes, 3 hommes… parité au mieux… mais cela ne s’arrête pas là… 3 animateurs-trices pour 3 randonneurs-seuses… Quel luxe !!! Météo brumeuse… humide… sombre… il est 6h30 tout de même… malgré tout, l’envie et le courage sont là. Une heure et demie plus tard, dans un petit village où tout est encore endormi, tout nous semble mort… Seul un gros chien noir, attiré par les premiers en-cas, vient nous saluer…

Nous démarrons vite pour quitter les brumes tarnaises et gagner les coteaux où le soleil commence à éclairer les crêtes et dissiper cette fraîcheur qui nous saisit encore malgré notre équipement hivernal. Cette première partie, apparue dans cette nouvelle édition du topo, nous permet d’éviter la route en fond de vallée et de profiter de vues plongeantes vers des grandes maisons bien restaurées et aux abords accueillants et bien entretenus. Une particulièrement, au nom évocateur du COUSTIL (château), ressemble à une belle demeure avec un nombre impressionnant de fenêtres pour un « coin aussi paumé » que cette VALLÉE DE LA MALAGOUSSE.

Après cette première « petite » colline, nous en « attaquons » une seconde dans des bois plus touffus où se mêlent mélèzes, hêtres et chênes. Mais surtout les châtaigniers omniprésents… Le sol est jonché de bogues et de millions de feuilles… D’où le nom donné à cet itinéraire : LOU CAMIN DELS CASTANHALS… Tout dans la contemplation, sans la vigilance de Jean-Pierre qui ne voulait pas être en retard pour le pique-nique, nous faillîmes rater le changement brutal de direction… Brutal est bien le mot. Aussi bien en 2D qu’en 3D… En effet, ce qui s’offre à nos yeux n’a plus rien des « gentilles » pistes gagnant lentement de l’altitude… Du bartassage (*) pur et dur… plus direct, on ne trouve pas mieux !!! Le rythme et la moyenne en prennent un sacré coup… Mais le « coup de collier » en valait la chandelle… La vue, arrivés en haut, est magnifique sur une vallée mêlant bois et champ verdoyant. Le blé d’hiver pointe son nez… 

La suite est à l’avenant. Alternance de bois, champs, montées, descentes… boueuses à souhait… certains ont « oublié » les guêtres… On rigole… les vêtements en gardent de belles traces… Mais, nous nous en moquons. Nos semelles crantées remplissent bien leur office. Nos chevilles assurent un maintien optimal… On est heureux…

Nous arrivons au hameau d’ESPINASSOLLES… Hameau. Oui… mais « presque » vide d’âme. Nous croisons un homme fier de ce trou perdu… qui nous décrit sa vie de tous les jours, nous assurant qu’il n’a pas assez de temps pour tout faire… comme à la ville… Et pour cause, poules, oies… ramasser du bois… mais aussi lorsqu’on voit ce qui « décore » les alentours de sa maison, on est surpris : un vieux combi plus moussu qu’oxydé, une moto complètement dévorée par la rouille que l’on reconnaît grâce à ses deux roues, seules pièces identifiables… et tout le reste…

Nous continuons notre bonhomme de chemin jusqu’au point haut de cette longue rando… Près d’un réservoir, nous « plantons » notre camp… Comme un chien « tassant » sa litière, nous tournicotons dans tous les sens pour trouver le meilleur endroit pour nous abriter du « petit » vent (si, si !!!) qui renforce la sensation de fraîcheur hivernale… Après un repas pris dans un temps « correct », nous « entamons » la descente pour profiter d’un panorama grandiose sur le PLATEAU DU SEGALA découpé en deux par la profonde (300 m) VALLÉE DU TARN.

Le retour, enfin ce qu’il en reste (8 km encore !!!), nous fait emprunter des chemins aux visages variés entre buis, châtaigniers… Nous rencontrons un nombre incalculable de calvaires à la forme « standardisée ». Le final, le long du TARN, nous montre combien celui-ci n’est pas un long fleuve tranquille, avec ces énormes troncs enchevêtrés jetés pêlemêle sur les berges… 

Nous retrouvons VILLENEUVE-SUR-TARN (notre point de départ) où, sur deux maisons sur trois, sont apposées des photos « du temps jadis » quand chacune d’entre elles abritait un « métier » : boucher, hôtelier, cordonnier… Tout y est… avec photos du début de la première moitié du XXe siècle… C’était sans compter sur « le cours » de l’institutrice (d’un autre temps) qui nous a fait revivre ces maisons. 

Nous reprenons la voiture pour regagner AMBIALET et son accueillant troquet où nous dégustons un réconfortant chocolat chaud… même Philippe… Tout cela accompagné, encore une fois, d’une multitude de « p’tites » boîtes de gâteaux…

Retour à Colomiers à 19h, sous les averses auxquelles nous avons eu la chance d’échapper tout au long de cette longue randonnée : 19,500 km, 745 m de dénivelé, et cela en 5h45 de marche… et… 2h04 de repas et autres contemplations…

(*) bartassage (ou méthode du sanglier) : se dit d’un itinéraire tracé « tout droit » qui ignore ce que virage veut dire ; et fait abstraction de tout obstacle pouvant gêner la progression dite « normale »…

 

◆◇◆◇◆◇◆

Tristesse d’automne
La couleur des arbres
Heureusement. 

C’est à l’heure du laitier, 6h30, que 6 cémécistes se retrouvent ce dimanche matin sur le parking habituel. Ayant bien décrypté les prévisions météorologiques prévues pour ce 8 décembre, la pluie est programmée aux alentours de 16h à Villeneuve sur Tarn, c’est fort judicieusement que nous partons tôt pour, si possible, terminer avant les intempéries. Nous verrons que nous avons eu raison.

La boucle prénommée en langue d’oc : Lou Camin dels Castanhals, soit le chemin des châtaignes en langue d’oïl, est un cheminement qui démarre et se termine du petit village de Villeneuve-sur-Tarn. Nous la parcourrons dans le sens antihoraire. Il faut savoir que la Région caresse les randonneurs dans le sens du poil et organise tout pour leur confort. Excellent balisage, impossible de se perdre, distance convenable, 19 km pour un dénivelé de 750 m ce qui nous positionne en niveau 1 dans notre classification cémécistes. En cette période automnale, il est peu fréquenté, nous ne croiserons qu’un couple sur les bords du Tarn.

Voilà, le décor est planté, que la pièce commence. C’est vrai que nous respectons la règle des trois unités : d’un même lieu, de temps (une journée) et d’action. Monsieur et Madame Jourdain, Dorante, Dorimène, Luc le Maître de Marche et Lucille n’ont rien d’autre à faire que de marcher en parlant, Bla Bla Bla… C’est un peu maigre comme scénario, ce n’est pas du Molière. Alors, abandonnons le théâtre pour revenir à la narration. 

Huit heures sonnent au clocher de l’église de Notre-Dame d’Alban, nous entamons le parcours par la traversée d’un joli petit pont recouvert de verdure puis empruntons des chemins larges totalement recouverts de feuilles, de bogues de châtaigniers et bien humides, car situés en versant d’ubac. Nous regagnerons les voitures chaussures et pantalons crottés. Ils mènent souvent à de splendides rénovations d’anciennes fermes transformées en maisons secondaires. Vous devinerez aisément que nous commencerons par monter puisque Villeneuve-sur-Tarn est comme son nom l’indique situé sur la rive gauche du fleuve éponyme à 200 m d’altitude.

Les plateaux se situent quant à eux à 400 m. Quelques beaux panoramas avec la brume en guise de mer de nuages s’offrent à notre regard et nous récompensent de nos efforts. Si vous m’avez bien suivi depuis le début vous comprendrez que nous grimperons et descendrons vers trois vallées différentes dont celle du Rance, de la Malagousse pour finir par une route longeant la rivière Tarn.

L’apogée du circuit est à 11,6 km du départ, nous l’atteignons à 12h45 et y déjeunons sur une prairie herbeuse moyennement confortable mais au sec. Au loin, les nuages s’amoncellent, dans quel sens souffle le vent ? Dans le bon, pas de pluie et le bonheur d’entamer l’après-midi par de la descente enchante la petite troupe. Quoique les en-cas sont en général assez frugaux, c’est mieux de limiter les efforts sur la digestion.

Ces chemins ancestraux souvent parcourus, remis au gout du jour, perdureront. Ils traversent des hameaux bien vides dans lesquels se créent des relations éphémères. Ce fut le cas à Espinassolles où nous rencontrons un homme que nous questionnons sur sa vie en ce lieu si isolé. Nous découvrons aussi son habitat, une sorte de ferme avec une cour jonchée de véhicules, engins agraires hors d’âge. Un maître dans le syndrome de Diogène. Mais, en observant avec d’autres lunettes, on s’aperçoit que ce monsieur est parfaitement autonome dans son milieu. Potager, volailles, recyclages d’objets, réparations, récupérations, peu d’empreinte carbone, il a tout bon avec les nouvelles mentalités.

Heureusement pas de chasseurs, que des signes lointains de leur présence signalée par des coups de feu et des aboiements de chiens sur les traces de gibiers. Ils peuvent faire peur, 410 morts en vingt ans, dont 7 en 2017/2018.

Nous voilà de retour à l’entrée du village, 16h sonnent à l’église. Encore une rencontre éphémère auprès d’une habitante. Elle nous conte gentiment la riche vie passée de ce bourg. Sur chaque maison d’ailleurs figurent des photos des commerces et métiers installés au début du siècle et ruinés par la construction du pont (1902) enjambant le Tarn et menant au village de Trébas-les-Bains mieux exposé et disposant de terrains à bâtir. Symbole des passages, des transitions quelquefois difficiles, le pont signifie souvent union, circulation. Mais il n’y a pas de pont sans obstacle à franchir, ici le Tarn et hélas ce pont a créé du désordre. Pour Villeneuve-sur-Tarn c’est en quelque sorte le pont de la discorde.

Plus intéressé par le site ensoleillé, les bains de Trébas, les habitants ont migré et abandonné progressivement Villeneuve qui maintenant se meurt. Heureusement, quelques personnes très attachées au lieu rouvrent les chemins et nous en profitons largement. Un grand merci à eux, aux instances qui les chapeautent et que beaucoup de randonneurs nous imitent et en parlent en bien.

Hélas ! le débit de boisson n’est ouvert que pendant la bonne saison et c’est à Ambialet que nous prenons le pot de l’amitié terminant traditionnellement la balade et juste avant les premières gouttes. 

Merci à Luc, Philippe et Christine pour leur rôle de leader, confirmateur d’itinéraires et vérificatrice du confirmateur.

A bientôt sur les chemins car exister c’est être en mouvement et la nécessité de se dépasser soi-même. Quoi de mieux que de marcher en campagne et en groupe comme ce dimanche pour se satisfaire !