Lac du Garbet

Lac du Garbet

En été, se lever tôt (pas trop cependant !) est synonyme de profiter de la fraicheur ou du départ d’une balade en montagne. C’était le cas ce dimanche 19 aout. À 7 heures pétantes rendez-vous et départ pour 12 personnes, sept dames et cinq messieurs, du lieu habituel.

Quelques 105 minutes et 36 secondes plus tard nous nous garions sur un parking vaguement aménagé au lieudit Agnesserre (1150 m). Celui-ci se situe sur la route menant au col D’Agnès quelques kilomètres après Aulus. L’objectif du jour à atteindre était le lac du Garbet (1683 m), soit à gravir un dénivelé de 533 m.

Le topo et le descriptif fait à la réunion préparatoire du jeudi soir indiquaient que cette rando ne présentait aucune difficulté. Mon œil ! Ça dépend pour quel type de randonneurs(euses). Au départ un grand panneau démontre les bienfaits de cette balade conseillée par le corps médical à l’aide de pictogrammes en formes d’ours de différentes couleurs indexées à votre dépense de calories. Je pense que c’est aussi une publicité déguisée qui leur apportera son lot d’entorses.

Le Petit Poucet avait dû passer par là il y a fort longtemps et semer quantité de cailloux qui avec le temps s’étaient transformés en une multitude de rochers formant barres et escaliers. Heureusement le terrain sec facilitait la progression mais quelques personnes eurent du mal à enjamber ces chausse-trapes si bien que l’une d’entre nous s’arrêta au seuil du Garbettou (1406 m).

Heureusement les nombreux marcheurs l’aidèrent à passer le temps. Parmi ceux-ci, nous avons découvert un fervent de Bouddha, intarissable sur sa religion. Ça tombait bien car nous étions à l’heure de réciter notre premier mantra : magnifique paysage sur le mont Ceint (2088 m).

Descente dans la jasse * et cap vers l’ouest en direction d’un petit bois. Bon balisage récent en jaune, ce lieu est tellement fréquenté qu’il vaut mieux ne perdre personne. Montée toujours aussi pénible pour nos veilles articulations enfin au bout d’une petite heure pour certains beaucoup plus pour d’autres — déjà un grand merci aux copains-ines si généreux dans l’aide apportée, ça c’est l’esprit céméciste — nous arrivons en vue du lac.

Attention deuxième mantra à répéter à satiété : quel magnifique paysage ! Détaillons un peu et envolons-nous en citant le topo : situé dans un site des plus sauvages, l’étang est entouré par des cimes magnifiques et altières, dans ces eaux limpides se reflètent les pics de la Lesse (2448 m), de Bassiès (2676 m), de Caoumale (2523 m)…

Une grenouille tenta quelques brasses dans ces eaux aussi pures que froides, bravo, mais elle ne fit guerre d’émule. Petite sieste et il est déjà l’heure de redescendre par le même trajet. D’habitude nous comptons les 2/3 du temps de montée pour redescendre, ici les termes de la fraction sont inversés. Ce n’est qu’à 18 h que la petite troupe s’est entièrement reformée.

Qu’est-ce que vous avez raté ! C’est quand même mieux que de voyager en chambre devant des écrans ! N’hésitez plus, débranchez-vous de l’emprise des objets connectés et même de certains compteurs dits intelligents commençant par L… Il me semble qu’une personne du CMC en parle avec un bel accent, renseignez-vous auprès d’elle, elle est disponible et prolixe. Comme nous, empruntez de temps à autre des lignes de fuite, des chemins en montagne, en forêt afin de vivre un instant la vraie vie. En un mot : carapatez-vous car une carte d’un monde de 8 milliards d’êtres humains connectés se dessine et va vous prendre dans ces rets.

Malgré une réelle fatigue physique, la griserie de cette journée est une récompense. Le bilan comptable de ce temps passé en plein air sous le soleil radieux avec des amis est largement positif et au final, après un pot de l’amitié partagé dans un café à AULUS, il ne vous restera plus qu’un moment des plus plaisant, prendre comme une victoire le fait de se coucher le soir venu en se récitant un troisième mantra : aujourd’hui je l’ai fait et je n’ai vu que de beaux paysages.

À bientôt, motivé **, pour reprendre la route. Un grand merci à Luc, notre coach du jour qui nous a mis en danger *** sans le savoir, et encore une fois aux nombreux aidants.

* Jasse : l’origine obscure de ce nom de lieu est l’exemple même d’un mot d’origine inconnue, sur lequel le silence est l’attitude du sage.

** Je garde le masculin car comme l’indiquait déjà en 1647 Claude Favre de Vaugelas : le masculin devrait l’emporter sur le féminin car « le masculin est plus noble que le féminin ». L’un de ses successeurs, académicien, Nicolas Beauzée enfonce le clou, je cite : le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. Quelle belle époque !

*** Exemple :

Conséquence de la perte d’un clou ( de Benjamin Franklin)

À cause du clou, le fer fut perdu.
À cause du fer, le cheval fut perdu.
À cause du cheval, le cavalier fut perdu.
À cause du cavalier, le message fut perdu.
À cause du message, la bataille fut perdue.
À cause de la bataille, la guerre fut perdue.
À cause de la guerre, la liberté fut perdue.
Tout cela pour un simple clou.

Réalité : Oubli, ou acte manqué, de ses chaussures de montagne.

À cause de l’oubli de sa paire de chaussures, le guide s’énerva.
À cause de son énervement, le chemin oublia.
À cause de la perte du chemin, au repas, fort tard arriva.
À cause du retard au repas, la redescente dura.
À cause de la longueur de la descente, le soleil se coucha.
À cause de l’obscurité, un céméciste dans le torrent chuta.
Tout cela pour un simple oubli de chaussures !