L’Antenac

L'Antenac

LA MONTAGNE A VACHES… OU PLUTÔT, LA MONTAGNE DES VACHES

Ce dimanche matin, l’équipe au départ de Colomiers est exclusivement masculine. La parité en prend un coup mais on s’en fiche. La grisaille nous attend au parking comme au PORT DE BALES (1750 m) où nous arrivons 1h40 plus tard. La montée dans une brume de plus en plus dense n’entame pas (ou on fait semblant) le moral de la troupe des 3 vaillants crapahuteurs. Dans la montée, pas un cycliste ne vient entraver notre élan.

Arrivés au col, nous sommes presque seuls. Deux camping-cars et trois voitures se sont regroupés là, où d’habitude, ce sont des dizaines de véhicules qui cherchent à se caser. Qu’à cela ne tienne. On se chausse, on s’habille comme pour un printemps pluvieux. La brume est bien là et nous le fera sentir tout au long de cette balade. Il est 9h, trois silhouettes s’enfoncent dans l’inconnu ou presque. Elles suivent une large piste qui ondule sur la croupe de ces montagnes « à vaches ». Vaches que nous croisons de-ci de-là. Parfois du blanc nacré, à d’autres moments, brunes ou grises ; ces fantômes cornus nous accompagneront tout au long du parcours. Le GPS est ici bien utile. Même si la piste est un fil rouge que nous suivons sagement, savoir « où on est » est sécurisant ; et là, comme il n’y a aucune végétation, aucune cabane (mon Ami Alain aurait été bien malheureux) c’est un vrai désert où la vue n’excède pas 50 mètres.

Tout à coup, un aboiement grave et profond attire notre regard vers ce qui semble être un rocher blanchâtre. Que nenni, c’est un patou paresseusement vautré dans l’herbe qui nous dit : « N’approchez pas, où je vous fais une démo de ce que je sais faire… » Nous passons sagement à distance en faisant un détour par la prairie à notre gauche où découvrons les quelques fleurs qui agrémentent ces grandes étendues herbeuses.

Comme les seuls repères qui nous guident se trouvent dans nos petites boîtes, nous gardons un œil sur ce petit triangle qui nous représente. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Nous quittons la piste pour « nous attaquer enfin au relief » et gravir les collines sommitales de cette crête qui doit nous amener à notre but : le SOMMET D’ANTENAC. A partir de cet instant, plus de sentiers… ou plutôt si, un très grand choix de cheminements si gentiment tracés par nos amies des lieux. La brume toujours présente nous voile nos lunettes au point qu’il faut se débarrasser d’elles et jouer les presbytes. De buttes en cols, nous atteignons enfin vers 11h45 le sommet tant cherché au travers de la grisaille tenace qui nous cajole de son humidité de plus en plus pressante aidée par un vent de plus en plus vif.

L’ANTENAC, enfin, que nous identifions tout de suite grâce à la structure métallique qui coiffe son sommet dénudé. Trois grosses pierres attendent que nous nous posions pour un casse-croûte revigorant. On sent que le soleil n’est pas loin à la tiédeur qui émane de ces sièges improvisés. Nous aurions tant aimé admirer le panorama de 360° qui s’offre aux yeux des vaillants randonneurs : du VALIER à L’ANETO en passant par le SACROUX et jusqu’au PIC DE MIDI DE BIGORRE. Mais rien, la brume est, comme on le dit si bien, « accrochée ». Le vent se renforçant, nous décidons de redescendre.

Quelques bovins débonnaires mâchouillent l’herbe tendre tout en regardant passer ces trois silhouettes cherchant à se protéger des minuscules gouttelettes qui se font de plus en plus pénétrantes. Les chaussures ont, il y a un bon moment, déclaré forfait et émettent pour certains d’entre nous un gargouillis des plus évocateur d’un remplissage aquatique sérieux. Nous retrouvons la piste et son gardien tout aussi vaillant qui, cette fois-ci, ne se manifeste pas.

Le retour par le même chemin nous ramène, détrempés, au PORT DE BALES où une arche métallique, installée pendant notre absence, semble attendre un ou plusieurs cyclistes qui ne viendront sans doute pas pour fêter un challenge de la montagne qui a, avec son amie la météo, encore gagné la partie. Personne ne passera sous cette arche en levant les bras au ciel, aucun spectateur pour acclamer cet hypothétique vainqueur. Un motard solitaire s’arrête 30 secondes pour prendre une photo de la stèle PORT DE BALES comme pour prouver son passage en ce lieu, puis redescend sur MAULEON.

Nos trois vaillants cémécistes tentent désespérément de se sécher et de se changer dans ce qui ressemble à un vaporisateur… puis décident par prudence, de passer par Luchon afin d’éviter une éventuelle rencontre peu sécurisante avec d’éventuels grimpeurs à pédales. Il est 15h passé… record d’arrivée battu… Le pot de l’amitié est partagé dans le petit troquet de la Place de la Halle désertée après une matinée très animée (au dire de la serveuse). Retour sur Colomiers vers 17h45.