Le Château de Saint-Barthélemy

Le Château de Saint-Barthélemy

Il ne fallait pas dépasser Ax-les-Thermes en ce dimanche 11 juillet, jour de la 15ème étape du Tour de France, Céret/Andorre-la-Vieille, sous peine de se voir bloquer les accès de cette zone de montagne. Alors… 

Lors de la réunion du jeudi précédent, Christine nous présente une sortie dans le Plantaurel et plus précisément dans le Séronais, lieu peu fréquenté par le CMC. Pourtant, idéalement située à une heure de Toulouse, entre la Ville Rose et l’Andorre, au cœur du Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises, cette région possède de magnifiques sites et randonnées de difficultés moyennes propices à notre niveau 1+.

Notre guide nous propose de découvrir, en parcourant une boucle d’environ 14 km et 550 m de dénivelé, les ruines du château fort de Saint-Barthélemy surplombant le petit village de Durban-sur-Arize fort de 180 âmes.

Nous sommes huit à nous inscrire après l’irrésistible présentation de notre accompagnatrice. En parcourant ces chemins de randonnée, nous allions découvrir la diversité des paysages verdoyants et boisés, les vues sur les Pyrénées, des cours d’eau dont l’Arize, affluent direct de la Garonne et la richesse du patrimoine en particulier le fameux château de Saint-Barthélemy. Nous ne marchons pas seulement pour marcher, l’exploit nous importe peu, notre parcours intérieur stimulé par l’épopée du catharisme, encore bien visible, équivaut en intérêt à notre parcours extérieur, pour ce groupe l’important ce n’est pas le chronomètre, ce sont les chemins qui font sens.

J’espère, que la lecture de ces quelques lignes, digne d’une présentation touristique, vous donnera aussi envie de chausser vos brodequins et de promener votre sac à dos.

Départ, sous un soleil radieux à 9h30 du parking de la mairie de Durban-sur-Arize. La boucle se parcourra dans le sens horaire pour garder l’intérêt majeur de cette sortie à la fin, les vestiges du château. Par chance, la rivière éponyme coupe en sa partie médiane notre boucle. L’objectif secondaire est d’atteindre ses berges verdoyantes aux alentours de midi pour y déjeuner et, pourquoi pas, faire une petite sieste. Charmant programme d’autant que dès le départ j’ai le sentiment que nous n’aurons pas à avoir longtemps à dialoguer avec le bitume chaud et grumeleux de la route, nous empruntons rapidement de magnifiques chemins ombragés et bien entretenus.

Quelques édicules, dont certains récemment rénovés, jalonneront notre périple. Dans l’ordre, nous remarquerons le lavoir de Francou, des restes de capitelles l’équivalent des orris pyrénéens, une captation maçonnée de source et jamais rencontrée pour ma part, un trou béant révélant une igue d’où sortait un air frais même froid. 

Nous pouvions deviner malgré la végétation qui reprend vite ses droits, de très nombreuses terrasses cultivées au temps jadis. Au XIXe siècle, le village comptait plus de mille habitants vivant vraisemblablement en autarcie. Toutes les terres étaient pâturées ou cultivées. Il ne reste que quelques endroits, le plateau au-dessus de la ferme de Camp-Bataillé, par exemple, qui garde encore les traces de l’exploitation de l’homme, pour le reste on parle de déprise agricole. 

Tout est vert calme et reposant à l’instar des magnifiques bovins rencontrés de-ci de-là baignant jusqu’à la panse dans un océan de graminées. 

Les hameaux de Monseron, Lescalé, bien entretenus, sont des havres de paix propices à la création artistique, nous avons pu parler avec une dame photographe professionnelle se référant à Jean Dieuzaide et découvert un atelier de sculpture…

Enfin vers les 12h30, nous descendons vers les rives de l’Arize pour y déjeuner 
et profiter du calme alcyonien de cette paisible rivière.

Il est bien connu que cette quiétude ne dure qu’un temps, l’on parle de 7 jours autour du solstice d’hiver. Pour nous ce sera beaucoup plus court. En reprise nous avons une côte de première catégorie à gravir. L’effort sur la digestion et avec le soleil au zénith est violent. Arrivé sur le plateau, tout transpirant, nous reprenons notre souffle en dégustant de délicieuses merises tout en admirant un joli paysage, le plus dur est derrière nous.

Notre guide nous propose de découvrir, en parcourant une boucle d’environ 14 km et 550 m de dénivelé, les ruines du château fort de Saint-Barthélemy surplombant le petit village de Durban-sur-Arize fort de 180 âmes.

L’endroit est habité par les membres d’une association propriétaire du lieu : les Mille Pattes. Avec de petits moyens et aidés par une quarantaine de chèvres, ils entretiennent et sécurisent le lieu du mieux qu’ils peuvent. Avenant, un des propriétaires a pris le temps de nous expliquer leur travail. 

Ce magnifique château oublié est resté « dans son jus ». Il n’a jamais été retravaillé depuis le XIIe siècle. C’est bien sûr un site cathare qui a eu ses heures de gloire et hélas ses massacres. Il a servi de carrière pour les durbanais mais les ruines sont digne d’intérêt et nous vous encourageons à vivement les visiter car comme le dit si bien Michel Roquebert (1928-2020) : « les ruines sont les cicatrices de l’Histoire ; je crois même qu’elles en disent plus que si ces châteaux nous étaient parvenus intacts… »

Pour nous aider, il existe des panneaux d’interprétations aux abords du monument et nous pouvons y lire entre autres : ils prêchaient (les Cathares) que « toutes les âmes étaient bonnes et égales entre elles, le diable seul ayant fait la différence dans les corps, et que toutes seraient sauvées ». Principe d’égalité native des âmes, donc, une âme de femme équivalant à une âme d’homme, en élargissant une femme est l’égale d’un homme.

Ici les boucles se terminent. Pour l’une, courte, il nous reste à descendre sur Durban ; point final de notre parcours terrestre. Pour l’autre, il aura fallu attendre huit siècles pour que l’idée d’égalité homme/femme soit remise au goût du jour. 

Il paraît que tous les chemins aboutissent à Rome, mais qui eut parié que tous les chemins mènent aussi peu ou prou à la réflexion pour qui éveille ses cinq sens en plus de ses jambes ! Bref, si nous ressemblons aux « bonshommes » selon la définition d’Eckbert de Schönau (1163) en ce qui concerne l’égalité au sein du groupe, notre corps de chair ressent basiquement la faim et la soif surtout après l’effort sous la chaleur. Nous nous mettons en quête d’un bistrot. C’est dans le bourg du Mas d’Azil, après avoir retraversé le magnifique défilé souterrain creusé par l’Arize que nous dénichons une terrasse sympathique. 

Un grand merci à Christine, inventrice de ce splendide itinéraire et meneuse du jour, à Catherine qui passa du temps derrière ses fourneaux pour concocter un excellent clafoutis, aux membres du groupe pour l’ambiance conviviale qu’ils surent créer. 

A bientôt sur d’autres chemins.