Le Goulier

Le Goulier

Vacances et vacance…

Jeudi, à la réunion préparatoire aux sorties du dimanche, il nous a été proposé deux sorties pour deux niveaux différents, voire opposés. Une randonnée de niveau 2 dite de haute montagne et l’autre dite de niveau marcheur c’est-à-dire avec un dénivelé de 500 mètres au maximum. C’est celle-ci que je vais essayer de relater.

Véronique, notre guide du jour, l’avait judicieusement choisie. Tracée sur des versants orientés nord et en sous-bois, la montée se ferait au frais. En plus pour ne pas trop subir les aléas des fortes températures, il a été décidé de démarrer tôt sur le parking de Vicdessos donc de se donner rendez-vous à 7 heures au lieu habituel.

9 randonneurs dont 7 dames étaient intéressées par cette boucle : Vicdessos, Olbier, Goulier (1100 m), Vicdessos. Le départ ne fut pas des plus marrants. Nous avons démarré par un bout de route goudronnée en direction du terrain de camping de la Bexanelle situé sur la rive droite du Ruisseau de Vicdessos. Encore moins plaisante a été la traversée, sur le parcours, d’une zone de stockage de végétaux morts et autres gravats. Enfin, ce purgatoire en guise d’échauffement terminé nous trouvons le vrai chemin nous menant à Olbier.

Et là c’est un vrai paradis. Il n’y a pas à dire, les anciens prenaient soin d’eux et de leurs mules. Le chemin, fort bien entretenu est large, fauché, et confortablement pentu. Constamment parcouru maintenant par des touristes avisés, mais jusqu’en 1929, il a servi à une noria de tacherons alimentant les forges à martinets du fond de la vallée. Ces porteurs de hottes de minerais de fer, en sabots de bois, entretenaient les murs composés en amont par de gros rochers qui retenaient la terre.

Des nombreuses mines locales en particulier celle de Rancié, on extrayait un excellent minerai nommé la rancéite, toponyme du lieu. Il était très recherché car il participait à l’élaboration d’aciers inoxydables. Mais comme souvent ce sont les maîtres de forges qui deviennent les bourgeois les plus riches de la vallée, ces fourmis n’avaient que leurs forces à vendre et ça ne rapportait pas de grosses rétributions. Le salaire de la sueur souvent, de la peur quelquefois quand le chemin était glacé et enneigé. Les accidents étaient fréquents.

Au pied de la forêt se situe une cabane technique tout à fait banale, mais fait remarquable, une inscription y est taguée. Auparavant je parlais de touristes avisés, cette inscription « éteint ton portable » nous encourage à le devenir. Même si nous sommes en juillet, période de vacances, oublions-les et installons-nous en vacance c’est-à-dire : donnons toute liberté à nos sens, nos réflexions. C’est bien là, la différence avec le trekkeur consommateur de montagne, oreillettes vissées sur la tête, et nous randonneur, ouvert, relié à rien, tous sens en alerte, indifférents au chrono. Nous avons entendu de splendides chants d’oiseaux, pris le temps de manger des fraises des bois et des merises, contemplé de belles fleurs, questionné sur l’origine de tas de crottes, admiré au passage la fontaine d’Obier, la croix de Massot et déambulé dans les ruelles bien vides des hameaux.

Il était possible d’escalader les pentes sévères menant aux ruines du château fort de Montréal de Sos, mais une fatigue du corps chez certains(es), cependant le moral a toujours été bon, une gestion optimale des ressources qui, si on les brulait trop tôt pèserait à la fin sur nos gestes, nos pas, nous ont fait abandonner l’exploration. Pas d’efforts physiques supplémentaires qui ne nous plongent en quelque lenteur, même ténue ou abandon, il faut que tout le groupe termine la boucle dans le confort. Notre principe : se mettre au niveau du plus faible car notre sport nous apprend à nous adapter aux différents types de situations, de compositions de groupes pour arriver au but dans de bonnes conditions. Notre Présidente nous l’a rappelé avec raison. Une autre fois peut-être…

L’arrivée d’Olbier se situant au milieu du village, c’est par un chemin, très bien indiqué, démarrant juste après l’église que nous descendons vers Vicdessos. Il est aussi très bien entretenu, nous adresserons nos félicitations aux responsables des équipes de bénévoles pour l’excellence de leur travail. Les villages ne manquent pas non plus d’entretien et sont magnifiquement fleuris, mais pratiquement vides en ce début de vacances. Ils deviennent exclusivement des lieux de villégiature au moment des « grandes fêtes de village » c’est-à-dire entre le 14 juillet et le 15 août. C’est leur principale industrie.

Il en est de même partout en France. L’ensemble des sociétés occidentales sont confrontées au phénomène de métropolisation et à une certaine désillusion d’un mode de vie que les anciens s’évertuaient à faire perdurer. Dans ces territoires en déclin, les jeunes partent vers la ville et ne reviennent « au pays » que l’été.

Bien sûr, pot de l’amitié à Vicdessos et remerciements sincères à notre guide du jour, Véronique, pour terminer cette belle boucle. Une mention spéciale pour le délicieux clafoutis confectionné par notre Présidente présente à cette sortie. 

Le retour vers Colomiers a été un peu laborieux. Dès l’arrivée au rond-point de Tarascon nous avons subi des ennuis de circulation sous la forme d’embouteillages. La connaissance des lieux a permis de se dégager, mais il y eut beaucoup d’arrêts pour vider ce flot de « véhicules ». Merci à tous les participant(es) pour leur bonne humeur et leur empathie. A bientôt sur les chemins.