Le Pla de Montcamp

Le Pla de Montcamp

Eh oui, on démarre une période de soldes et vous aurez droit à deux comptes-rendus pour le prix d’un. Cadeau de début d’année. Je m’empresse d’ailleurs, selon la coutume, de vous souhaiter au nom du petit groupe participant à cette randonnée nos meilleurs vœux pour 2020. Et…

A tous les randonneurs

En cette nouvelle année

Joyeuses pensées.

Compte-rendu niveau 1

Peu de volontaires pour cette sortie de début d’année. Nous sommes quatre, deux dames dont notre guide, Christine, et deux hommes au rendez-vous habituel. Départ à sept heures trente. Après une heure et quart de route, nous nous garons sur le parking de Gestiès, petit village ariégeois, bien entretenu, se situant au-dessus de Siguer à 960 m d’altitude.

Nous ne sommes pas les seuls à s’équiper dans une fraicheur revigorante, par rapport à la douce torpeur de l’intérieur de la voiture, il y a aussi un groupe, les Ours de Saint-Girons, qui a eu la même idée de balade. Nous retrouvons avec plaisir, une ancienne connaissance, Monique et échangeons quelques mots avec elle.

Peu de temps pour se mettre en jambes. Au pied de l’église, qui sonne 9 heures, le ton est donné, la pente sera soutenue jusqu’au col de Gamel dominant à 1389 m. Niveau homogène et c’est en 1 heure, pauses techniques comprises, que les 4 cémécistes avalent cette portion de GR 10. Nous avons quand même le souffle court durant la grimpette, pas de radio CMC et même les dames, surtout celles du groupe de Saint-Girons portaient leurs bijoux… (*)

Un mot sur les pauses techniques, plutôt un conseil. N’oubliez pas de prendre votre Echelle de Bristol avec vous. Mais non, ce n’est pas une vraie échelle qui vous permettrait de grimper aux arbres en cas d’attaque de l’ours en position de vulnérabilité mais un comparatif qui éventuellement vous renseignera sur votre état de santé. Pour les curieux, une visite sur la toile s’impose. Continuons.

Après quelques ressauts, nous quittons définitivement la forêt de bouleaux pour marcher confortablement sur de faibles pentes et arriver au col de la Lène.

Vers midi nous plantons le drapeau de la victoire au sommet du Pla de Montcamp (1905 m) soit 960 mètres de dénivelé avalé en 3 heures comme l’indiquait le topo, pas mal pour des séniors. Mais, il est temps de déjeuner car le petit-déjeuner est largement amorti et nous manquons de calories. Le nombre, 11 participants pour Saint-Girons contre 4 chez nous, a fait que nous ne disposerons pas du meilleur emplacement pour le repas, nous n’aurons pas une vue sur 360°. Nous nous rabattons sur un groupe de rochers en contrebas et nous installons aussi confortablement que possible au soleil.

Etant de plus en plus sujet à l’apparition de crampes au niveau des quadriceps, je dois veiller à ma position de repos lors du repas et je me demande si dorénavant, je ne devrais pas poser mon falzar de montagne sur un faldistoire léger en tissu et pliable. Heureusement avec de l’aide au départ et une brève remise en jambes la tétanie disparait. En parodiant le Cid de Corneille – acte 1, scène 4 : Ô âge, Ô désespoir, Ô vieillesse ennemie… Mais la vie continue, la descente aussi.

Le panorama est magnifique. Nous en profitons une heure durant. Ces sommets sont très peu anthropisés. A part quelques granges, celles de Ligounat en particulier, quelques installations pour le gardiennage du bétail en estive, l’homme n’a pas laissé de traces trop visibles dans cette partie de l’Ariège, et pour nous randonneurs initiés par Alain, la promenade en montagne revient à marcher dans une galerie d’art remplie de paysages merveilleux.

Ici, la Pique d’Endron, le massif de Bassiès, le Saint-Barthélemy, tous enneigés. Hélas, pour les nouveaux sportifs, les raideurs, runners et compagnie qui ne se donnent pas le temps d’admirer, ces œuvres de la nature sont comme tournées vers le mur ! Toujours dans les temps impartis par le topo, c’est une heure et demie plus tard que nous sommes rendus à la voiture sans encombre et sans glissade, l’eau avait dégelé et encore sous un beau ciel bleu.

Un grand merci pour Christine et par extension au groupe. Ce fut vraiment une belle entame d’année et nous vous souhaitons encore une fois, ami deux fois marcheur, en nordique ou en randonnée, de parcourir en tous sens et en toutes directions les magnifiques chemins de notre région et en tous les cas de ne pas se contenter des conseils de George Bernard Shaw (1856-1950) : « Le seul sport que je n’aie jamais pratiqué, c’est la marche à pied, quand je suivais les enterrements de mes amis sportifs. »

Avertissement : Ami lecteur, de la même manière qu’il y a des niveaux dans notre discipline, pourquoi n’y en aurait-il pas dans les comptes-rendus ? Pour le niveau 2 en randonnée, niveau difficile, il faut pour gravir de hauts sommets ou marcher sur des surfaces pentues et enneigées être muni d’équipements spécifiques : crampons, raquettes, piolets… Ici, je vous propose d’abandonner les épiphénomènes relatifs aux narrations de niveau 1 et d’escalader un nouveau pic du nom d’Epigénétique avec quelques prérequis en physiologie cellulaire. Bien sûr, si le sujet ne vous tente pas, vous pouvez nous rejoindre au dernier paragraphe c’est-à-dire au bistrot.

Compte-rendu niveau 2  

Le silence et la quiétude de la montagne me permettent de réfléchir et de me poser la question : « Pourquoi suis-là à marcher dans la montagne ? » Vaste question qui peut appeler des réponses individuelles mais le concept nouveau d’épigénétique créé par Conrad Hal Waddington (1905-1975) peut apporter une solution. 

En voici un résumé imparfait, qui peut-être vous tentera pour la lecture de la suite du sujet voire son approfondissement. 

Eh bien, suivant Joël de Rosnay, nous pouvons prendre en main notre corps. Nous pouvons moduler l’expression de nos gènes par notre comportement. Entendons-nous bien, nous ne pouvons pas changer le code génétique mais par cinq éléments de notre quotidien : 

– La nutrition 

– L’exercice modéré donc les marches (nordique, randonnées) et c’est de là que vient mon propos. 

– Le management du stress que nous nous évertuons d’oublier lors de nos sorties. 

– Le plaisir de faire ce que l’on fait. Ici c’est bien le cas car ces randonnées sont volontaires, nous n’obligeons personnes à y participer et nous supposons que les cémécistes marchent pour le plaisir. 

– Le réseau social en harmonie, c’est-à-dire un groupe convivial. 

Nous pouvons en modifier l’expression. Un exemple qui vous parlera : une partition musicale est immuable (le code génétique) cependant son interprétation, son expression (l’épigénétique) est du ressort du chef d’orchestre et c’est vous le chef d’orchestre si vous observer les cinq éléments précédemment cités. 

En résumé, la génétique serait sous contrainte de l’épigénétique et ce serait une source de liberté puisqu’avec les cinq éléments dument observés nous pouvons prendre en main la destinée de notre corps et en faire cadeau, pour partie, à notre descendance. Il y aurait beaucoup plus d’éléments qui dépendent de nous que ce que l’on pensait. Le fatalisme génétique recule, le darwinisme aussi. 

Depuis une vingtaine d’années, de nombreux ouvrages traitent de ce sujet. J’aurai gagné si j’ai éveillé un tant soit peu votre curiosité. Des cinq éléments pouvant modifier l’expression de nos gènes, nous en cochons 4 lors de nos randonnées et peut-être 5 si nous mettons de la couleur dans notre encas, alors voilà une excellente réponse à ma question initiale. 

Bienvenue aux lecteurs du compte-rendu niveau 1, merci de nous rejoindre.

Après avoir recherché à Siguer puis à Tarascon un café pour consommer le pot de l’amitié c’est finalement à Foix que nous trouvons notre bonheur. L’ambiance est conviviale à l’unisson de nos impressions de cette magnifique journée.

A bientôt sur les chemins. 

 

* Je sais, je ne vais certainement pas m’attirer la sympathie de certaines mais voici l’explication de mon propos par cette citation due à un anglais  : « Le silence est le plus beau bijou d’une femme, mais elle le porte rarement ! »