Marignac
Marignac
Pour commencer, une devinette. Quelles ressemblances y a-t-il entre La Samaritaine et le CMC ? Personnellement, j’en vois trois :
– Les deux viennent de rouvrir.
– Le slogan du célèbre magasin, « A la Samaritaine, on trouve de tout », peut aussi s’appliquer au CMC.
Après analyse de la situation particulière au 27 juin, nous ne pouvions partir aux aurores pour cause de devoir électoral, Christine choisit un circuit dans le piémont pyrénéen. Le départ se situe dans la jolie commune de Marignac proche de Cierp-Gaud. Neuf personnes s’inscrivent lors de la réunion du jeudi soir.
Notre accompagnatrice nous propose de découvrir sur ce circuit deux cabanes et surtout un arbre remarquable (appellation officielle) Il a été classé deuxième au palmarès des plus beaux arbres de l’année 2014.
Intelligemment, notre guide du jour, choisit de nous faire parcourir cette boucle, d’une dizaine de km, dans le sens antihoraire pour d’une part déjeuner dans la cabane de Sarribarolles, point haut de notre randonnée, et d’autre part, garder de l’intérêt pour la fin, la découverte de ce fameux feuillu.
À dix heures trente pétantes, la petite troupe s’ébroue. De petits chemins humides, la brume ne nous quittera pas de la journée, assez raides mais brefs nous mènent vers une piste forestière des plus praticable. Un doux babillement, un peu comme la radio allumée dans une voiture lors d’un grand trajet, nous fait oublier la monotonie de ce genre de cheminement. Les sujets importent peu, c’est du liant, ça raccourcit les distances à l’instar des discussions de comptoir qui abrègent le temps. La pente est douce, elle n’entame pas notre souffle. De racontars en souvenirs de balades voire de blagues nous arrivâmes vers les douze heures au pied de ladite cabane forestière.
Pour les curieux et non précautionneux qui aimeraient offrir un joli bouquet à leur bienaimée, cette route forestière et les berges du Burat, ruisseau fougueux coulant à ses pieds, sont très dangereuses. Les rives leur proposent de superbes aconits et de magnifiques digitales en pleine floraison, hélas plantes mortelles. Leurs beautés équivalent à leurs maléfiques pouvoirs et aucune saponaire pour se laver naturellement les mains avant le repas. Foin du langage des fleurs, les compliments suffiront pour affirmer son attachement.
Cette cabane est de facture classique : cheminée ouverte, grande table avec une paire de bancs, échelle et bas flancs à l’étage. Les fenêtres remplies de toiles d’araignées ne suffisent pas à éclairer l’intérieur si bien que quelques-uns de nos amis, peut-être un rien claustrophobe, préfèrent déjeuner dehors malgré l’humidité ambiante. Le confort prodigué par cette habitation est très relatif sauf en cas de mauvais temps, elle n’a rien d’une thébaïde. Chacun tire son repas du sac, pas d’amphitryon généreux sauf à l’heure du dessert où du chocolat est offert.
Nous ne nous éternisons pas, nous oublions la sieste réparatrice dans cette froide et très humide ambiance. Le chemin lui aussi luisant d’eau, provoque des glissades sans dommages. Malgré les conditions hostiles au développement de la vie, des lichens et des mousses recouvrent les rochers, les troncs et les branches des arbres. Cela crée une ambiance sinistre, la forêt devient une bande de mendiants habillés de guenilles.
Amis randonneurs, n’hésitez pas à remonter d’une vingtaine de mètres le cours d’eau, vous découvrirez un magnifique pont en bois. Le brouillard persistant pourrit la construction en rondins. Ils servent de substrat. Des plantes et des fleurs le colonisent. C’est la première fois que je vois un pont végétalisé si joli. Je ne le traverserais pas, il semble fragile.
La cabane Contraire (c’est son nom) se situe à un quart d’heure de marche en contre- bas. Bien plus accueillante elle porte bien son nom, elle est l’opposé de la précédente. Il vaut mieux faire sa pause déjeuner à cet endroit plus sympathique et mieux équipé, barbecue, tables avec bancs à l’extérieur dans la clairière. Qu’on se le dise.
Après cette brève visite, le groupe poursuit précautionneusement le chemin en partie dallé et donc très glissant. Cette berme entre le ruisseau du Burat et la forêt descend progressivement vers l’acmé de notre sortie, le hêtre multi centenaire.
Les sentiers sont bavards pour qui sait lire les nombreuses inscriptions tracées sur les arbres, les rochers, par le personnel de l’ONF entre autres. Elles doivent raconter une exploitation future. Quel arbre abattre, garder, par où le professionnel et son matériel doivent passer pour tracer les chemins d’exploitation, en fait, déranger ce bel ordonnancement.
Je ne peux m’empêcher de me questionner : la Nature existe-t-elle ? Faisant partie de l’espèce humaine donc appartenant au monde de la Culture n’est-elle pas pour nous qu’une construction de l’esprit ? Alors, pourquoi se gêner de l’exploiter d’une façon effrénée et mettre en péril la vie de millions d’espèces par le Monde ? Mais en négligeant impunément les équilibres écologiques, Dame nature se rappelle quelquefois à nous par exemple en déclenchant une crise mondiale à cause d’un virus.
Bon, ne gâchons pas cette belle journée. Au risque de vous lasser, j’aurais pu vous parler du microclimat propre à Marignac qui permet au genévrier thurifère capable de supporter aussi bien le froid que le chaud, ce conifère, à la pousse très lente, se contente de terrains pauvres et caillouteux ; de la seule usine en France d’exploitation du magnésium (aujourd’hui fermée) mais c’est sur un clin d’œil que j’aimerais terminer ce récit.
Cloé Vidiane (1894/1978) célèbre chanteuse y est enterrée. Elle est particulièrement connue pour sa brillante interprétation de l’opérette dénommée « Rose Marie » dont l’acte 1 se passe au Canada. C’est beau les coïncidences. *
Après de sérieuses recherches, nous dégotons une brasserie à Saint-Gaudens. Un grand merci à tout le monde et en particulier à Bertrand qui nous offrit, sous le manteau, de délicieuses crêpes.
* Nous avons dans le groupe une charmante Canadienne et ce que vous lisez est mis en page par… Rose-Marie.