Une randonnée ariégeoise

Une randonnée ariégeoise

Aux diverses facettes et peu fréquentée…

Vous remarquerez qu’il n’y a pas de nom précis pour cette sortie. L’excellente connaissance des montagnes ariégeoises a permis à Alain, organisateur et encadreur d’un groupe de nous proposer deux circuits avec deux niveaux.

Même départ d’un parking le long de l’étang artificiel de Laparan (1540 m) pour les 10 randonneurs et parcours identique jusqu’à la cabane du Rieutort (1825 m). Même horaire matinal que la sortie précédente, 7 heures et encore une fois, il nous faut prendre 3 véhicules, gestes barrière obligent, tant pis pour les rejets de CO2.

Si Alain est un découvreur d’itinéraire sauvage et peu pratiqué, il irradie aussi dans sa manière de mener un groupe. Son enthousiasme est contagieux et il n’a pas de mal à entrainer une petite troupe derrière lui malgré les difficultés de la course. C’est un excellent communicateur qui vous énumérera tous les sommets environnants et les anecdotes vécues qui s’y rattachent. Il anime aussi avec brio le rituel « pot de l’amitié » que nous ne manquerions sous aucun prétexte, c’est devenu une institution au sein de notre association. En plus, ce moment de repos permet aux conducteurs de se refaire une santé pour assurer le retour en toute sécurité.

Pour guider le deuxième groupe de marcheurs, dont je fais partie, c’est Eric qui se propose de prendre la tête. Sérieux, passionné de montagne, doux et un rien volubile, avec son inoubliable dégaine de grand adolescent il attire la lumière sans jamais la prendre. Voilà, les présentations étant faites, les acteurs en place, le décor planté, il est temps d’entamer notre circuit largement moins ambitieux.

Dès le départ, pas de période d’échauffement, le chemin parfaitement tracé et pour cause, il est emprunté par les vaches montant aux estives, s’élève sévèrement sur les premiers 200 m de dénivelé., notre aller-retour en totalisant 700. Pour l’anecdote, nous croiserons, au retour, 140 bovins de race blonde d’Aquitaine et Aubrac, à la sortie d’Aston. De braves bêtes qui aux dires de vachers, parcourent 80 km par jour de transhumance. Pour notre part, nous nous contenterons d’une douzaine de kilomètres.

Faut-il pour autant qualifier l’accès et la vallée du Rieutort de montagnes à vaches ? Qualificatif que les spécialistes utilisent pour désigner des voies faciles. Que nenni ! dans la descente du même chemin, au retour, j’ai pu observer quelques glissades et chutes sans danger, et pourtant nous avions aussi quatre appuis.

Pas de répit pour la respiration, quelques épingles adoucissent le profil mais les roches affleurantes, formant escaliers cassent l’allure et augment encore le rythme cardiaque déjà élevé.

Enfin nous sortons de la hêtraie et débouchons sur une magnifique prairie fleurie dénommée « les Plagnes du Rieutort ».

Les genets recouverts d’or illuminent les adrets, l’ubac est colonisé par les massifs de rhododendrons qui commençaient à peine à fleurir en cette mi-juin. Il faudra revenir dans un mois. Aucun jardinier, aussi doué soit-il ne peut reproduire une si belle harmonie. Rapidement nous arrivons à la cabane du Rieutort discrètement construite au milieu de blocs rocheux. Par temps de brouillard, il doit même être difficile de la trouver sans GPS.

De la passerelle proche de la cabane du Rieutort, nous obliquerons vers l’étang de Ruilé (2018 m) où nous pensons déjeuner. Le sentier s’élève progressivement sans difficulté, il suffit de prendre un rythme et s’y tenir. Le ciel bleu est vide de vie, cependant les estives sont piquetées d’une multitude de fleurs multicolores. Quelle frustration de ne pas connaitre le nom de ces délicates efflorescences. Elles m’encouragent dans l’effort de ma progression, le dos courbé, accentué par le poids du sac, les yeux rivés sur les chausse-trappes du chemin, elles me suggèrent que ce que je vis en ce moment n’est rien par rapport à leurs conditions de vie subie durant 9 mois, au froid, à la neige qui les recouvre… Alors en avant, pourquoi se plaindre.

Voilà l’étang du Ruilé. Le phénomène d’eutrophisation est bien visible. Il a dû déjà perdre une bonne moitié de sa surface. Ces pièces d’eau deviendront successivement marécages, puis prairies humides. Finalement, la zone humide se revégétalisera complètement, redevenant forêt verdoyante grâce ou à cause, à ces altitudes, du réchauffement climatique.

Petite sieste et nous partons ascensionner le col du Rieutort (2245 m)… re-petite sieste au sommet en attendant l’autre groupe et en admirant le paysage. J’en profite pour penser au milieu dans lequel je suis ici et maintenant. La montagne pyrénéenne dans ses splendeurs m’a confié ses secrets. Mon propos n’a pas pour but de convaincre mais de décrire ce que je vis lors de ces randonnées. Ces escapades sur une journée marquent plus ou moins selon la personnalité de chacun. La Montagne pénètre l’Esprit par le Corps et nous met en résonnance avec la Nature. C’est pour cela que nous repartons chaque week-end. Nous vous attendons. L’autre groupe s’approche, à bientôt.

Et je laisse la plume à Alain :

 

Nous voici arrivés à la « solide » petite cabane du RIEUTORT (1836 m). Elle est propre, quatre couchages, une partie fermée réservée au berger. Comme prévu, nous nous séparons en deux groupes de cinq randonneurs « R1/R2 ».

Nous revenons un peu sur nos pas pour emprunter la passerelle métallique qui traverse le joli torrent du Rieutort. Le GRT est toujours bien balisé (depuis le départ de LAPARAN), une bonne demi-heure de marche après nous arrivons au niveau d’un panneau directionnel, à notre droite l’étang de Ruille.

Nous prenons la direction du PIC DE PRADEL (balisé par des traits jaunes) le but de notre randonnée… Une petite pause au niveau de l’étang (2018 m), il est un peu envahi par des herbes mais toujours un moment agréable au bord de l’eau…

Notre itinéraire change (il fallait prendre des forces), le sentier devient « soutenu » mais toujours bien balisé, quelques pavots et pins à crochets agrémentent cette rude montée. Après une petite heure, nous voici sur la crête sommitale du PRADEL. Au passage, avant le pic, nous avons une belle vue plongeante sur le joli petit étang bleu de Montaut. Il est 12h45 quand nous arrivons au sommet, nous prenons notre repas. Le panorama qui s’offre à nous est grandiose, du massif de Tabe en passant bien sûr par l’imposant pic du Rulhe (et son refuge) et des sommets des secteurs MERENS/NAGUILLE (pics de l’étang Faury Auriol et les autres…) et tous les lacs du secteur (Fontargente, Joclar, Cabaillère… vue plongeante sur le lac de Laparan, le départ de notre rando…). 

Après une heure au sommet (comme d’hab…), nous faisons une petite boucle pour rejoindre nos ami(e)s au col du Rieutort (2250 m) par une traversée, un peu en crête pour observer en contrebas les étangs du matin…. Toujours sympa de se retrouver pour « entamer » la descente ensemble. 

Après une heure au sommet (comme d’hab…), nous faisons une petite boucle pour rejoindre nos ami(e)s au col du Rieutort (2250 m) par une traversée, un peu en crête pour observer en contrebas les étangs du matin…. Toujours sympa de se retrouver pour « entamer » la descente ensemble. 

Après une bonne halte près de la passerelle et du torrent (baignade), nous retrouvons nos véhicules, il est 17h… (nous sommes partis à 9h15). Pour terminer cette belle journée (chaude et ensoleillée) nous sommes bloqués par une transhumance sur la route au niveau d’ASTON. Près de 150 vaches accompagnées certaines par leur veau ; moment sympathique auprès des vachers. Vu dans cette randonnée : gentianes, pavots, rhododendrons en fleurs, petites orchidées et des milans…
Pot de l’amitié au village des Cabannes, retour sur COLOMIERS (encore plus de 30°) autour de 20h… MERCI à YOLANDE et VALÉRIE pour les pâtisseries… maison, comme d’hab…

Enfin, nous avons apprécié de nous retrouver sur nos sentiers pyrénéens…